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LONDON’S BURNING


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4 réponses à ce sujet

#1 Dedalus

Dedalus

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Posté 28 juin 2007 - 06:29

I.
Dehors
Cieux de skaï aux iris de mercure
Doublés
D’écarts de mouettes
Aux docks
Des grappes de sirènes
Des stèles démâtant le sol
De moisissure
Engouffrée par le vent de la mer du Nord

Terre des angles

II.
Dehors
Dehors il y a Londres
Cité du gibet de la peste et de l’exil
Il y a le regard parallactique du crachin
Qui pleurniche son acide
Cœur de boue
Sur les corbeaux dévorant la charogne
Ruche disciplinée

III.
Un jour
Gary s’en est revenu de ses Indes
Syphilitique et opiomane
Johnny lui est resté avec sa guerre
Et l’écho des explosions arrachant ses membres
Tous
Et ses sens
Fait toujours vaciller l’oreille acérée de son âme cloîtrée

Il n’est plus rien qu’un monastère hanté

IV.
O Vous !
Frères humains !
Qui d’épuisement avez abandonné le combat.
Qu’avez-vous fait ?
Je cherche parmi les grimages grimaçants de la foule, et ne reconnais personne de ma fratrie. Dans quelles ténèbres vous êtes-vous donc vous-mêmes enterrés, endormis ?
Vivants, vous avez sans vergogne pillé la demeure de vos âmes, et maintenant, terrifiés, vous vous trouvez nus dans l’orage, la citadelle de vos âmes occupée par le dragon de la peur.
Il y la foudre. Il y a la colère borgne des damnés de nos temps. Et nul abri où se terrer, ni à l’extérieur, ni à l’intérieur.
Vos cœurs ne sont plus que terres brûlées et monuments de cendres, qui n’appellent que le souffle rédempteur du feu. Vous avez jeté l’enfer de vos esprits dans les lumières crues du réel. Et voilà vos enfants, ce sont les voltigeurs de vos démons, vous entraînants dans le vortex horrifiant du néant de leur héritage.
Au lieu de vivre, faisant face au précipice et savourant des hauteurs le sublime dessein obscur de l’être se découvrant jusqu’à l’infini dans le paysage, vos regards désormais se sont tournés vers le plateau aveugle, désespérés et si lâches, que bientôt s’est estompé en eux jusqu’au souvenir même du précipice. Jusqu’à la chute. Terreur.
Vous avez oublié la salinité de la peur, la laissant aux autres et ne dégustant plus que celle de l’océan dans lequel vous vous dissolvez.
Vous êtes paralysés par le poids du gras de vos rapines criminelles.
Vous avez oublié le chant de l’angoisse qui monte mugissant du fond des cavernes du temps, inscrit par le sang, et par la chair, gravé comme dans la pierre.
Vous vous êtes mis à adorer des icônes électriques, et méprisez les énigmes du cosmos et de l’esprit.
Sacrilèges !
Vous croyez devenir immortels, mais préparez avec zèle l’agonie de vos mœurs. Vos arts n’aspirent plus qu’au néant. Vos valeurs vous retournent à la bête.
Et toujours vous marchez, rangs de corbeaux avides de mets cannibales. Troupeau de bétail houblonné rougeoyant discipliné de haine en allant à la mine, dans le petit matin charbonneux. Serviteurs mécréants.
Serviles masses. Debout. Orgasmes de boue. Accouche la bête immonde. Ah ! Salope, te revoilà ! Oui, c’est bien toi. Cela faisait bien longtemps. Te revoilà donc.

V.
Ouf !
Les yeux clos
Défilé de briques rouges en quarantaine
Une seconde
Deux
Cent
Cligne
Eclair
Dans le flou
Des entrecroisements de poutres d’acier
Noir-vert
Soutenants l’œil noir du siège social de l’entremise des Ombres
Son état major
Rouge
Le sang
Les bus
Les boîtes aux lettres
Les cabines téléphoniques
Les mires des assassins assermentés
Les faciès colorés par la gnole
Rouge
Sa cicatrice sur le monde

Empire de la terreur

VI.
Entre deux feux
Les porcs stérilisants les labours légués à leurs enfants
Et ceux qui ne les mangent pas
Mais les tuent

#2 Maureen

Maureen

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Posté 28 juin 2007 - 07:59

waaahhh !! bravo, c'est très fort ! faut s'accrocher mais ça vaut le coup :)

#3 Huruboon

Huruboon

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Posté 28 juin 2007 - 08:42

j'aime assez moi aussi mais je regrette un peu le côté patch work

#4 Dedalus

Dedalus

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Posté 29 juin 2007 - 02:17

Le côté Patchwork est une façon de lier le fond et la forme, de donner du mouvement, de lier chaque passage à une forme symbolique de narration. C'est aussi une sorte de contrepoint. Ce sont comme des chapitres, ou des mouvements d'une oeuvre musicale, ou encore des actes comme au théatre. En fait, cela n'a rien à voir avec un patchwork, car il y a des liens thématiques, stylistiques et narratifs entre chacun des paragraphes, dont le style est associé avec l'idée, la sentation et le sentiment qui s'y exprime. C'est enfin une façon de détruire la monotonie d'une poésie unifiée selon des canons stylistiques. Cette construction, quoique paraissant chaotique, est réfléchie pour y ressembler (au chaos), dans une certaine mesure. Ainsi ce n'est pas seulement de la poésie. Il y a aussi un contenu politique, presque journalistique voire philosophique, en tout cas clairement spéculatif, au-delà de l'exercice ethétique et lyrique. J'appelle ce type de textes "poésie de circonstance", car ce n'est pas du poème journalistique ou narratif, mais c'est clairement lié à un fait historique réel, et traité comme tel, malgré le "codage" langagier de la poésie, disons. Bref, merci de ce comentaire.
Merci également, Maureen, accroche toi encore, ce n'est pas fini.

#5 ___

___

    The Fresh Prince Al Adriano

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Posté 20 juillet 2007 - 03:42

yo