Moins deux degrés Celsius
Dans les cornes dans les pages dans les vêtements sales et froissés
Dans les outils qu'on jette au ciel dans ceux qu'on balance aux chiens, dans la broussaille des terrains vagues
dans les claques,
voilà ce qu'il faut entendre
voilà qui vient réunir nos sangs
le printemps et le sourire inquiet les générations brûlantes et l'envie d'un amour d'un amour d'un amour qui s'étend sur de petits papiers, l'envie générale
le grand désir creux
le coffre à nourrir il reste le coffre à nourrir de balles en caoutchouc ou de longues douches glacées
le coffre à nourrir
là un frémissement
ici une poignée de cheveux gris, éparpillés dans toute la campagne, et voilà que le feu n'arrache plus aucun cri
plus aucune douleur
c'est comme si la chaleur avait coulé entre les vitres
alors les enfants n'attendent plus rien
les ourlets au bas de leurs pantalons sont de vulgaires poches à cailloux
et pourrissent et deviennent de vagues souvenirs pour de vagues courses
des niches à oiseaux des trous de serrure
des mouches
des mouches à mordre
pas d'habitudes ni de secousses
les envies les béances débordent de colère et nous trahissent
lourdes fièvres
bouleversant la machine
le désordre a le goût de l'eau
et voici que l'herbe traverse les frontières
voici qu'elle mange un peu plus de matière qu'elle crève les prisons
laboure les marches
marche silencieuse quand viennent les brisures
les récits sont d'infimes sueurs sur nos peaux impeccables
que l'on jette à terre pour dépasser les lignes
nous sommes le trente mai deux mille neuf il fait deux degrés en dessous de zéro et la voiture approche