Son pied nu caressait les herbes
Ses chevilles au vent chaud frissonnaient
Ses genoux qui luisaient, superbes
Entrouverts vers le feu fredonnaient
La chanson des silex si dure
La scansion que le sang innocent
Pulse et bat campagne et cambrure
Indécent compagnon renaissant
Tissant en esprit de ses doigts
Le tissu retroussé de sa robe
Métissant des envies ses lois
Déballant le cadeau que dérobe
L'impudeur au labeur serpent
Et son cri qui se tait de crier
Circonscrit au triangle arpent
Le passe partout serrurier
Ses deux mains de la solitude
En sujets déloyaux enivrés
Explorant implorant l' étude
Du rythme et des efforts délivrés
Aux rayons dorés d'yeux fermés
Le soleil la blesse d'une larme
Des spasmes salés enflammés
Qui viennent démordre son alarme
Meurent en monotone vague
Elle pleure son plaisir secret
Au métal absent de la bague
Qui s'enfouit au creux de son discret
Les roseaux courbés sur sa peine
L'érosion de la paix la fait jouir
De son ventre étreignant l'étrenne
Déjà libre et seule à en mourir
Qui sait de quoi elle a rêvé
Qu'importe le flacon de l' ivresse
Comme un oiseau dès lors crevé
Elle est la fleur coupée qui se blesse...
***

Elle est fleur coupée qui se blesse
#1
Invité_Apocope_*
Posté 15 avril 2009 - 09:52
#2
Posté 15 avril 2009 - 11:28

Mais "entrouverts vers"?
La hachure est volontaire, serpe?

#3
Invité_Apocope_*
Posté 15 avril 2009 - 11:31
Un balancement souple de haute tige...
![]()
Mais "entrouverts vers"?
La hachure est volontaire, serpe?
Il n'est pas un un mot, pas un souffle, pas un rythme qui n'ait été pensé, pesé, soupesé...

#4
Posté 15 avril 2009 - 12:47
#5
Invité_Apocope_*
Posté 15 avril 2009 - 12:52
Tu me mets un gros doute ... -aient c'est consideré comme feminin, isn't it ?
Une rime est dite :
- féminine lorsque le dernier phonème est un e caduc (nommé autrefois « e féminin ») ; ainsi, les deux fin de vers suivants ont des rimes féminines :
source:http://fr.wikipedia.org/wiki/Rime

#6
Posté 15 avril 2009 - 12:56
Quand tu dis -aient t'as envie d'insister legerement sur le e, pas comme dans -ait.

#7
Invité_Apocope_*
Posté 15 avril 2009 - 12:59
Moi je trouve quand même que la sonorité s'etire plus qu'elle ne tranche ...
Quand tu dis -aient t'as envie d'insister legerement sur le e, pas comme dans -ait.
Je dis pas le contraire dans le corps d'un vers. C'était le cas dans la versification classique où on marquait à cet endroit la diérèse. Il se trouve qu'en rime, en assonance finale ça n'est pas le cas...
On va encore se faire engueuler de causer technique...

#8
Posté 15 avril 2009 - 01:13
Il n'est pas un un mot, pas un souffle, pas un rythme qui n'ait été pensé, pesé, soupesé...
Je m'en doute l'orfèvre!...

#9
Posté 15 avril 2009 - 06:18
#10
Invité_Apocope_*
Posté 15 avril 2009 - 08:53
J'ai perçu, moi, plutôt que la technique, une forte émotion qui se dégage , de ce plaisir féminin qui crie sa solitude...
Merci de recentrer sur l'émotion de ce plaisir qu'on dit solitaire....
#11
Posté 15 avril 2009 - 08:56
Superbe !
Et le titre est très beau.
Bravo Monsieur Apocope.
Je le relis encore une fois.
@mitiès
#12
Invité_Apocope_*
Posté 15 avril 2009 - 08:59
S' il y a de la technique il y a aussi beaucoup d' émotion, et là je trouve ça vraiment très fort !
Superbe !
Bravo Monsieur Apocope.
Je le relis encore une fois.
@mitiès
Merci d'y avoir été sensible...
#13
Posté 15 avril 2009 - 09:31
Merci d'y avoir été sensible...
Nous ne sommes pas tous des brutes...
Aurais-je oublié de te dire qu'il est très beau.
Suis venue m'y réchauffer.
#14
Invité_Apocope_*
Posté 15 avril 2009 - 09:59
Nous ne sommes pas tous des brutes...
Aurais-je oublié de te dire qu'il est très beau.
Suis venue m'y réchauffer.
Help yourself....

#15
Invité_Apocope_*
Posté 16 avril 2009 - 08:56
Mais j'aime bien, moi, les discussions techniques !!!
J'en apprends des tas de choses nouvelles !!!
On n'est jamais dans l'excès quant il s'agit de bien connaître les règles et le cadre, c'est la moindre des politesses que nous puissions faire à notre expression poétique, à nous mêmes et au lecteur ... Et puis c'est intégrer la vraie liberté que d'accepter les lois, non ?
Ce qui ne m'empêche nullement de goûter le parfum des " spasmes salés enflammés " et l'émotion que véhiculent les mots ...
Belle journée à toi et amicales pensées de
Semha
Voilà une synthèse pleine de sagesse. Comme quoi des points de vue antinomiques peuvent trouver équilibre...
Merci Semha
#16
Posté 16 avril 2009 - 01:20
Son pied nu caressait les herbes
Ses chevilles au vent chaud frissonnaient
Ses genoux qui luisaient, superbes
Entrouverts vers le feu fredonnaient
La chanson des silex si dure
La scansion que le sang innocent
Pulse et bat campagne et cambrure
Indécent compagnon renaissant
Tissant en esprit de ses doigts
Le tissu retroussé de sa robe
Métissant des envies ses lois
Déballant le cadeau que dérobe
L'impudeur au labeur serpent
Et son cri qui se tait de crier
Circonscrit au triangle arpent
Le passe partout serrurier
Ses deux mains de la solitude
En sujets déloyaux enivrés
Explorant implorant l' étude
Du rythme et des efforts délivrés
Aux rayons dorés d'yeux fermés
Le soleil la blesse d'une larme
Des spasmes salés enflammés
Qui viennent démordre son alarme
Meurent en monotone vague
Elle pleure son plaisir secret
Au métal absent de la bague
Qui s'enfouit au creux de son discret
Les roseaux courbés sur sa peine
L'érosion de la paix la fait jouir
De son ventre étreignant l'étrenne
Déjà libre et seule à en mourir
Qui sait de quoi elle a rêvé
Qu'importe le flacon de l' ivresse
Comme un oiseau dès lors crevé
Elle est la fleur coupée qui se blesse...
***
Bonjour l'ami
S'il y a précision ici, elle justement poètique, sur un sujet intime difficile à réussir mais qui parait si facile lorsqu'on te lit.
Bravo

#17
Invité_Apocope_*
Posté 16 avril 2009 - 01:38
Bonjour l'ami
S'il y a précision ici, elle justement poètique, sur un sujet intime difficile à réussir mais qui parait si facile lorsqu'on te lit.
Bravo
pj
Toute la difficulté réside dans le dépassement du "dire" au profit de l'"évoqué" sur un sujet équivoque, ça va sans dire...

#18
Posté 16 avril 2009 - 01:43
#19
Invité_Apocope_*
Posté 16 avril 2009 - 01:55
J'apprécie la sensibilité et la profondeur de ce poème ! Merci ! Avec amitié, Ovi
Si parmi vous, Romains, quelqu'un ignore l'art d'aimer, qu'il lise mes vers; qu'il s'instruise en les lisant, et qu'il aime. Aidé de la voile et de la rame, l'art fait voguer la nef agile; l'art guide les chars légers : l'art doit aussi guider l'amour. Automédon, habile écuyer, sut manier les rênes flexibles; Tiphys fut le pilote du vaisseau des Argonautes. Moi, Vénus m'a donné pour maître à son jeune fils : on m'appellera le Tiphys et l'Automédon de l'amour.
Ovide. L'Art d'Aimer
Trad. Ph. Remacle

#20
Posté 21 avril 2009 - 02:56
Mais Apocope je passe toujours lire tes écrits parce que j'aimerai pouvoir écrire ainsi. Seulement ce n'est pas possible,nous ne vivons pas les mêmes choses.
Alors ( comme je m'égares), j'en reviens à cet écrit pour dire que j'ai aimé déjà pour le choix des mots car tu n'as pas du l'écrire en 30 secondes et ce n'est pas un poême d'ado en mal d'amour. Oups ! je vais me faire tuer pour avoir écrit cela... allons , souriez, nous sommes tous passés par là !
Merci pour ses mots de qualités.