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Le jardin des délices


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4 réponses à ce sujet

#1 Emma Philipe

Emma Philipe

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Posté 23 avril 2009 - 01:07

Le jardin des Délices


Triptyque lapidaire et pourtant silencieux

Avez-vous vu cette oeuvre au musée du Prado ?

Qui préfigure Chagall, Dali et Picasso

Triptyque élémentaire et pourtant merveilleux



0. Création



Avez-vous vu ce ciel tout chargé de colère

S'éloigner du jardin plus calme qu'un serment ?

Dans un globe enfermés tristesses et tourments

Emanent du diptyque ces émotions premières

Il y a je-ne-sais-quoi d'une vision d'après-guerre

Témoins du point zéro de tout commencement

Spectateurs assidus de son éloignement

Et jetés en pâture aux prémisses de la terre



Le peintre nous invite à ouvrir ce cadeau

Triptyque libertaire et pourtant délicieux



Avez-vous remarqué cette entrée en matière ?

Car l'amorce est pour nous un avertissement

Spectateur qui entre ton espoir en passant

Suspends-le à la porte là sur la patère

Ce que tu vas trouver n'est au fond que misère

Qu'ici-bas j'ai décris dans ses accouchements

Que j'ai mené au bout de ses retranchements

Nous ! Humains que nous sommes : particules et poussières



Va ! Et tu connaitras le cri de mes pinceaux

Triptyque pamphlétaire et pourtant chaleureux



I. Paradis



Avez-vous vu cette Eve à la blonde crinière ?

Que tient un Dieu pudique par la main fermement

Et qui l'offre à Adam presque jalousement

Alors que celui-ci se lamente au parterre

Dans une pommeraie au parfum délétère

Où des oiseaux inquiets de leur retournement

Y côtoient la licorne la girafe l'éléphant

Et font du Paradis un étrange bestiaire



A cet instant si loin semblent encore les fléaux

Triptyque salutaire et pourtant pernicieux



Avez-vous contemplé la fontaine au ton chair ?

Flèche de cathédrale qui grimpe au firmament

Où niche en son œil et symboliquement

Le funeste oiseau la chouette solitaire

Et comme un signe encore chapelet de volière

Les hirondelles passent s'envolent en groupement

Et miment ce que sera l'ennemi : le serpent

Qui de ce Paradis fermera la barrière



Il ne sera plus temps de s'abreuver à l'eau

Triptyque visionnaire et pourtant sulfureux



A son sommet le ciel n'est pas crépusculaire

Mais déjà se dessine dans un rocher Satan

Immobile pensif il est là et attend

Et vers lui quelques bêtes s'approchent et touchent terre

Une eau noire cet étang de toutes les chimères

Où se pressent chasseurs prédateurs rampants

Et observent meurent dévorent tout autant

Que s'il fallait déjà accéder à l'Enfer



Le paradis perdu est devenu falot

Triptyque argumentaire et pourtant fallacieux





II. Le Purgatoire (le jardin des délices)


Avez-vous vu ce globe à la pointe fière


Lézardé par le poids de ses atermoiements ?

Il trône en ce milieu de lac confluent

D'eaux du bien du mal et des quatre rivières

Quatre aussi les palais enjambant les eaux claires

Sont-ce là évidences de nos sentiments ?

Tentations du Malin ultime châtiment

Que sont Envie Luxure Gourmandise et Colère



Peintre racontes-moi ce que sont ces châteaux

Triptyque solitaire et pourtant populeux



Avez-vous observé le bassin hydrosphère

Où jouvencelles se baignent impudiquement

Où les hommes avides tournent patiemment

En enfermant icelle en cercles volontaires

Ils offrent aux pucelles tous les fruits de la terre

Et tendent vers les cieux des poissons ruisselants

Ils chevauchent ils encerclent en futurs conquérants

Et portent sur leurs têtes des cornes involontaires



Fidélité n'est pas confortable chapeau

Triptyque réfractaire et pourtant somptueux



Avez-vous vu cet homme sur un canard col-vert ?

Pas de dilemme ici les oiseaux sont si grands

L'un nourrit de son bec un être s'extasiant

Là des fruits se mélangent à des plumes légères

Et toujours une chouette apporte son mystère

A cet homme qui l'abouche et l'enlace en amant

Une femme de couleur embrasse un homme blanc

Certains en sont confus têtes en bas culs en l'air



Tous ceux qui sont ici ne sont pas des héros

Triptyque gestatoire et pourtant licencieux



Avez-vous vu ce couple dans la bulle de verre ?

Enlacés et fragiles amoureux s'isolant

Est-ce là l'expérience d'un nouveau sentiment ?

Demande la souris au voyeur qui se terre

Les parfums cèdent aux bruit les bruits cèdent aux travers

Des hommes comédiens de ces accouplements

En voilà un qui porte une moule étonnant !

Si ce n'est qu'une belle y semble prisonnière



Les chagrins les sévices sont de ce lieu le lot

Triptyque sécretionnaire et pourtant fulmineux



Voyez le sombre vice qui plante au derrière

D'un autre un bouquet clystère de printemps

Soupirs ! Extases ! Constat de ces halètements

Mais que fait donc cet homme habillé au parterre ?

Il pointe un doigt vengeur vers elle la commère

Responsable désignée de ces égarements

C'est elle ! Eve qui observe ce rassemblement

Est-ce Dieu ou l'artiste qui accuse la mère ?



La femme est responsable s'écrie ce hobereau

Triptyque thuriféraire pourtant moyenâgeux



III. L'enfer

Entrez dés à présent dans les feux de l'Enfer

Ici ce qui domine est noir : excréments

Vomissements cataclysmes impurs et violents

La vie est assiégée et les seules lumières

Viennent des incendies empuantissent l'air

Les armées du Démon mènent tambours battants

Une guerre sans merci à tout ce qui se ment

Et les cendres retombent comme de lourdes pierres



Le jugement est là ! Peut-on sauver sa peau ?

Triptyque paritaire et pourtant monstrueux



Voyez ! Les lames tranchent et de belle manière

Oreilles !sexes !membres !têtes !poitrails !flancs !

La faucheuse à la clef un cadavre s'y pend

Les épées crucifient les coeurs et les prières

Les instruments ne jouent qu'une seule note : misère

Vaincus écartelés hommes et femmes souffrant

Sans qu'aucune plaie ne saigne sans une goutte de sang

Les douleurs sont muettes et les cris ancillaires



Voilà ce qu'il advient bien après le tombeau

Triptyque sursitaire et pourtant cancéreux



Avez-vous vu planté sur deux barques éphémères

Le passeur Charon déféquer sombrement

Son lot de condamnés et son anus géant

(Fruit de sa digestion) expulse pond ? Cratère !

Nul n'est épargné défroqués soeurs et mères

Ceux qui ont abusé : usuriers charlatans

Grands seigneurs petits chefs vrais bandits faux amants

Juges dévoyés arrogants diamantaires



Tous promis à la roue à l'arbre à l'échafaud

Triptyque scapulaire et pourtant scrofuleux



Avez-vous vu enfin le Roi gestionnaire

Qui jette en son royaume un regard glaçant

Qui jouit de son pouvoir et s'en trouve content

Qui dévore les âmes et mastique les chairs ?

Haut perché sur son siège comme un curé en chaire

Et dans un puis sans fond excrète incontinent

Tous les regrets du monde et de Dieu tous les plans

Son ventre de maudit sérieux confiant pervers



Gardera pour longtemps le mal en son cerveau

Triptyque apolaire et pourtant amoureux



Refermons le triptyque sur ce rêve de fer

Dante et Pasolini en ont pris des morceaux

Pour à leur tour chanter les cercles de l'Enfer

Et de Canterbury les contes immoraux



Hyéronimus ton oeuvre est un sacré brûlot

Triptyque incendiaire et pourtant religieux


Emma Philipe

Fichier(s) joint(s)



#2 richard TR

richard TR

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Posté 23 avril 2009 - 07:14

Le jardin des Délices


Triptyque lapidaire et pourtant silencieux

Avez-vous vu cette oeuvre au musée du Prado ?

Qui préfigure Chagall, Dali et Picasso

Triptyque élémentaire et pourtant merveilleux



0. Création



Avez-vous vu ce ciel tout chargé de colère

S'éloigner du jardin plus calme qu'un serment ?

Dans un globe enfermés tristesses et tourments

Emanent du diptyque ces émotions premières

Il y a je-ne-sais-quoi d'une vision d'après-guerre

Témoins du point zéro de tout commencement

Spectateurs assidus de son éloignement

Et jetés en pâture aux prémisses de la terre

[/size]

Le peintre nous invite à ouvrir ce cadeau

Triptyque libertaire et pourtant délicieux



Avez-vous remarqué cette entrée en matière ?

Car l'amorce est pour nous un avertissement

Spectateur qui entre ton espoir en passant

Suspends-le à la porte là sur la patère

Ce que tu vas trouver n'est au fond que misère

Qu'ici-bas j'ai décris dans ses accouchements

Que j'ai mené au bout de ses retranchements

Nous ! Humains que nous sommes : particules et poussières



Va ! Et tu connaitras le cri de mes pinceaux

Triptyque pamphlétaire et pourtant chaleureux



I. Paradis



Avez-vous vu cette Eve à la blonde crinière ?

Que tient un Dieu pudique par la main fermement

Et qui l'offre à Adam presque jalousement

Alors que celui-ci se lamente au parterre

Dans une pommeraie au parfum délétère

Où des oiseaux inquiets de leur retournement

Y côtoient la licorne la girafe l'éléphant

Et font du Paradis un étrange bestiaire



A cet instant si loin semblent encore les fléaux

Triptyque salutaire et pourtant pernicieux



Avez-vous contemplé la fontaine au ton chair ?

Flèche de cathédrale qui grimpe au firmament

Où niche en son œil et symboliquement

Le funeste oiseau la chouette solitaire

Et comme un signe encore chapelet de volière

Les hirondelles passent s'envolent en groupement

Et miment ce que sera l'ennemi : le serpent

Qui de ce Paradis fermera la barrière



Il ne sera plus temps de s'abreuver à l'eau

Triptyque visionnaire et pourtant sulfureux



A son sommet le ciel n'est pas crépusculaire

Mais déjà se dessine dans un rocher Satan

Immobile pensif il est là et attend

Et vers lui quelques bêtes s'approchent et touchent terre

Une eau noire cet étang de toutes les chimères

Où se pressent chasseurs prédateurs rampants

Et observent meurent dévorent tout autant

Que s'il fallait déjà accéder à l'Enfer



Le paradis perdu est devenu falot

Triptyque argumentaire et pourtant fallacieux





II. Le Purgatoire (le jardin des délices)


Avez-vous vu ce globe à la pointe fière


Lézardé par le poids de ses atermoiements ?

Il trône en ce milieu de lac confluent

D'eaux du bien du mal et des quatre rivières

Quatre aussi les palais enjambant les eaux claires

Sont-ce là évidences de nos sentiments ?

Tentations du Malin ultime châtiment

Que sont Envie Luxure Gourmandise et Colère



Peintre racontes-moi ce que sont ces châteaux

Triptyque solitaire et pourtant populeux



Avez-vous observé le bassin hydrosphère

Où jouvencelles se baignent impudiquement

Où les hommes avides tournent patiemment

En enfermant icelle en cercles volontaires

Ils offrent aux pucelles tous les fruits de la terre

Et tendent vers les cieux des poissons ruisselants

Ils chevauchent ils encerclent en futurs conquérants

Et portent sur leurs têtes des cornes involontaires



Fidélité n'est pas confortable chapeau

Triptyque réfractaire et pourtant somptueux



Avez-vous vu cet homme sur un canard col-vert ?

Pas de dilemme ici les oiseaux sont si grands

L'un nourrit de son bec un être s'extasiant

Là des fruits se mélangent à des plumes légères

Et toujours une chouette apporte son mystère

A cet homme qui l'abouche et l'enlace en amant

Une femme de couleur embrasse un homme blanc

Certains en sont confus têtes en bas culs en l'air



Tous ceux qui sont ici ne sont pas des héros

Triptyque gestatoire et pourtant licencieux



Avez-vous vu ce couple dans la bulle de verre ?

Enlacés et fragiles amoureux s'isolant

Est-ce là l'expérience d'un nouveau sentiment ?

Demande la souris au voyeur qui se terre

Les parfums cèdent aux bruit les bruits cèdent aux travers

Des hommes comédiens de ces accouplements

En voilà un qui porte une moule étonnant !

Si ce n'est qu'une belle y semble prisonnière



Les chagrins les sévices sont de ce lieu le lot

Triptyque sécretionnaire et pourtant fulmineux



Voyez le sombre vice qui plante au derrière

D'un autre un bouquet clystère de printemps

Soupirs ! Extases ! Constat de ces halètements

Mais que fait donc cet homme habillé au parterre ?

Il pointe un doigt vengeur vers elle la commère

Responsable désignée de ces égarements

C'est elle ! Eve qui observe ce rassemblement

Est-ce Dieu ou l'artiste qui accuse la mère ?



La femme est responsable s'écrie ce hobereau

Triptyque thuriféraire pourtant moyenâgeux



III. L'enfer

Entrez dés à présent dans les feux de l'Enfer

Ici ce qui domine est noir : excréments

Vomissements cataclysmes impurs et violents

La vie est assiégée et les seules lumières

Viennent des incendies empuantissent l'air

Les armées du Démon mènent tambours battants

Une guerre sans merci à tout ce qui se ment

Et les cendres retombent comme de lourdes pierres



Le jugement est là ! Peut-on sauver sa peau ?

Triptyque paritaire et pourtant monstrueux



Voyez ! Les lames tranchent et de belle manière

Oreilles !sexes !membres !têtes !poitrails !flancs !

La faucheuse à la clef un cadavre s'y pend

Les épées crucifient les coeurs et les prières

Les instruments ne jouent qu'une seule note : misère

Vaincus écartelés hommes et femmes souffrant

Sans qu'aucune plaie ne saigne sans une goutte de sang

Les douleurs sont muettes et les cris ancillaires



Voilà ce qu'il advient bien après le tombeau

Triptyque sursitaire et pourtant cancéreux



Avez-vous vu planté sur deux barques éphémères

Le passeur Charon déféquer sombrement

Son lot de condamnés et son anus géant

(Fruit de sa digestion) expulse pond ? Cratère !

Nul n'est épargné défroqués soeurs et mères

Ceux qui ont abusé : usuriers charlatans

Grands seigneurs petits chefs vrais bandits faux amants

Juges dévoyés arrogants diamantaires



Tous promis à la roue à l'arbre à l'échafaud

Triptyque scapulaire et pourtant scrofuleux



Avez-vous vu enfin le Roi gestionnaire

Qui jette en son royaume un regard glaçant

Qui jouit de son pouvoir et s'en trouve content

Qui dévore les âmes et mastique les chairs ?

Haut perché sur son siège comme un curé en chaire

Et dans un puis sans fond excrète incontinent

Tous les regrets du monde et de Dieu tous les plans

Son ventre de maudit sérieux confiant pervers



Gardera pour longtemps le mal en son cerveau

Triptyque apolaire et pourtant amoureux



Refermons le triptyque sur ce rêve de fer

Dante et Pasolini en ont pris des morceaux

Pour à leur tour chanter les cercles de l'Enfer

Et de Canterbury les contes immoraux



Hyéronimus ton oeuvre est un sacré brûlot

[size="3"]Triptyque incendiaire et pourtant religieux



Emma Philipe


Somptueuse description. Chapeau Emma !
à lire et à relire encore tant le texte est riche.
Bien à toi
Richard

#3 Aksel

Aksel

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Posté 23 avril 2009 - 07:35

Quel travail titanesque!
Un poème digne de l'extraordinaire Jérôme Bosch

#4 rentypoesie

rentypoesie

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Posté 23 avril 2009 - 08:05

Peu à peu en lisant ces vers je me suis retrouvé dans une cathédrale. La lecture silencieuse m'emmenait dans des vitraux, des rosaces, un monde de lumière ou de ténèbres. En sortant le cœur plein d'émotion, il ne me vient qu'un seul mot : "superbe".

Le jardin des Délices



Triptyque lapidaire et pourtant silencieux

Avez-vous vu cette oeuvre au musée du Prado ?

Qui préfigure Chagall, Dali et Picasso

Triptyque élémentaire et pourtant merveilleux



0. Création



Avez-vous vu ce ciel tout chargé de colère

S'éloigner du jardin plus calme qu'un serment ?

Dans un globe enfermés tristesses et tourments

Emanent du diptyque ces émotions premières

Il y a je-ne-sais-quoi d'une vision d'après-guerre

Témoins du point zéro de tout commencement

Spectateurs assidus de son éloignement

Et jetés en pâture aux prémisses de la terre

[/size]

Le peintre nous invite à ouvrir ce cadeau

Triptyque libertaire et pourtant délicieux



Avez-vous remarqué cette entrée en matière ?

Car l'amorce est pour nous un avertissement

Spectateur qui entre ton espoir en passant

Suspends-le à la porte là sur la patère

Ce que tu vas trouver n'est au fond que misère

Qu'ici-bas j'ai décris dans ses accouchements

Que j'ai mené au bout de ses retranchements

Nous ! Humains que nous sommes : particules et poussières



Va ! Et tu connaitras le cri de mes pinceaux

Triptyque pamphlétaire et pourtant chaleureux



I. Paradis



Avez-vous vu cette Eve à la blonde crinière ?

Que tient un Dieu pudique par la main fermement

Et qui l'offre à Adam presque jalousement

Alors que celui-ci se lamente au parterre

Dans une pommeraie au parfum délétère

Où des oiseaux inquiets de leur retournement

Y côtoient la licorne la girafe l'éléphant

Et font du Paradis un étrange bestiaire



A cet instant si loin semblent encore les fléaux

Triptyque salutaire et pourtant pernicieux



Avez-vous contemplé la fontaine au ton chair ?

Flèche de cathédrale qui grimpe au firmament

Où niche en son œil et symboliquement

Le funeste oiseau la chouette solitaire

Et comme un signe encore chapelet de volière

Les hirondelles passent s'envolent en groupement

Et miment ce que sera l'ennemi : le serpent

Qui de ce Paradis fermera la barrière



Il ne sera plus temps de s'abreuver à l'eau

Triptyque visionnaire et pourtant sulfureux



A son sommet le ciel n'est pas crépusculaire

Mais déjà se dessine dans un rocher Satan

Immobile pensif il est là et attend

Et vers lui quelques bêtes s'approchent et touchent terre

Une eau noire cet étang de toutes les chimères

Où se pressent chasseurs prédateurs rampants

Et observent meurent dévorent tout autant

Que s'il fallait déjà accéder à l'Enfer



Le paradis perdu est devenu falot

Triptyque argumentaire et pourtant fallacieux





II. Le Purgatoire (le jardin des délices)


Avez-vous vu ce globe à la pointe fière


Lézardé par le poids de ses atermoiements ?

Il trône en ce milieu de lac confluent

D'eaux du bien du mal et des quatre rivières

Quatre aussi les palais enjambant les eaux claires

Sont-ce là évidences de nos sentiments ?

Tentations du Malin ultime châtiment

Que sont Envie Luxure Gourmandise et Colère



Peintre racontes-moi ce que sont ces châteaux

Triptyque solitaire et pourtant populeux



Avez-vous observé le bassin hydrosphère

Où jouvencelles se baignent impudiquement

Où les hommes avides tournent patiemment

En enfermant icelle en cercles volontaires

Ils offrent aux pucelles tous les fruits de la terre

Et tendent vers les cieux des poissons ruisselants

Ils chevauchent ils encerclent en futurs conquérants

Et portent sur leurs têtes des cornes involontaires



Fidélité n'est pas confortable chapeau

Triptyque réfractaire et pourtant somptueux



Avez-vous vu cet homme sur un canard col-vert ?

Pas de dilemme ici les oiseaux sont si grands

L'un nourrit de son bec un être s'extasiant

Là des fruits se mélangent à des plumes légères

Et toujours une chouette apporte son mystère

A cet homme qui l'abouche et l'enlace en amant

Une femme de couleur embrasse un homme blanc

Certains en sont confus têtes en bas culs en l'air



Tous ceux qui sont ici ne sont pas des héros

Triptyque gestatoire et pourtant licencieux



Avez-vous vu ce couple dans la bulle de verre ?

Enlacés et fragiles amoureux s'isolant

Est-ce là l'expérience d'un nouveau sentiment ?

Demande la souris au voyeur qui se terre

Les parfums cèdent aux bruit les bruits cèdent aux travers

Des hommes comédiens de ces accouplements

En voilà un qui porte une moule étonnant !

Si ce n'est qu'une belle y semble prisonnière



Les chagrins les sévices sont de ce lieu le lot

Triptyque sécretionnaire et pourtant fulmineux



Voyez le sombre vice qui plante au derrière

D'un autre un bouquet clystère de printemps

Soupirs ! Extases ! Constat de ces halètements

Mais que fait donc cet homme habillé au parterre ?

Il pointe un doigt vengeur vers elle la commère

Responsable désignée de ces égarements

C'est elle ! Eve qui observe ce rassemblement

Est-ce Dieu ou l'artiste qui accuse la mère ?



La femme est responsable s'écrie ce hobereau

Triptyque thuriféraire pourtant moyenâgeux



III. L'enfer

Entrez dés à présent dans les feux de l'Enfer

Ici ce qui domine est noir : excréments

Vomissements cataclysmes impurs et violents

La vie est assiégée et les seules lumières

Viennent des incendies empuantissent l'air

Les armées du Démon mènent tambours battants

Une guerre sans merci à tout ce qui se ment

Et les cendres retombent comme de lourdes pierres



Le jugement est là ! Peut-on sauver sa peau ?

Triptyque paritaire et pourtant monstrueux



Voyez ! Les lames tranchent et de belle manière

Oreilles !sexes !membres !têtes !poitrails !flancs !

La faucheuse à la clef un cadavre s'y pend

Les épées crucifient les coeurs et les prières

Les instruments ne jouent qu'une seule note : misère

Vaincus écartelés hommes et femmes souffrant

Sans qu'aucune plaie ne saigne sans une goutte de sang

Les douleurs sont muettes et les cris ancillaires



Voilà ce qu'il advient bien après le tombeau

Triptyque sursitaire et pourtant cancéreux



Avez-vous vu planté sur deux barques éphémères

Le passeur Charon déféquer sombrement

Son lot de condamnés et son anus géant

(Fruit de sa digestion) expulse pond ? Cratère !

Nul n'est épargné défroqués soeurs et mères

Ceux qui ont abusé : usuriers charlatans

Grands seigneurs petits chefs vrais bandits faux amants

Juges dévoyés arrogants diamantaires



Tous promis à la roue à l'arbre à l'échafaud

Triptyque scapulaire et pourtant scrofuleux



Avez-vous vu enfin le Roi gestionnaire

Qui jette en son royaume un regard glaçant

Qui jouit de son pouvoir et s'en trouve content

Qui dévore les âmes et mastique les chairs ?

Haut perché sur son siège comme un curé en chaire

Et dans un puis sans fond excrète incontinent

Tous les regrets du monde et de Dieu tous les plans

Son ventre de maudit sérieux confiant pervers



Gardera pour longtemps le mal en son cerveau

Triptyque apolaire et pourtant amoureux



Refermons le triptyque sur ce rêve de fer

Dante et Pasolini en ont pris des morceaux

Pour à leur tour chanter les cercles de l'Enfer

Et de Canterbury les contes immoraux



Hyéronimus ton oeuvre est un sacré brûlot

[size="3"]Triptyque incendiaire et pourtant religieux



Emma Philipe



#5 NINA

NINA

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Posté 24 avril 2009 - 12:34


Bonjour Emma philippe
Merci de nous avoir servi de guide au jardin des Délices.
Tes mots sont dignes de ces tableaux.
merci bien
amitiés
nina