
La haine du cinéma
#1
Posté 21 mai 2009 - 07:45
Mais un détail me frappe, tandis que je l’écoute parler (mes inquiétudes me reprennent) : l'actualité, les convulsions réalitaires, la confusion politique qui s'amplifient de jour en jour ne semblent pas l'affecter le moins du monde. Je m’interdis d’évoquer ce sujet. Je me traite d’idiot même : c’est précisément pour échapper à ces problèmes que j’ai décidé d'aller au cinéma et de me réconcilier avec ses représentants ! Pourtant, l'indifférence d'Ern-Streizald à des événements dont tout le monde subit les conséquences me stupéfie. Plus la soirée avance et plus il me brûle de lui parler de ces choses. Je ne vois même pas qu’il en ait la moindre conscience ! Jusqu'au bout, je me retiendrai de lui dire le moindre mot qui puisse concerner la texture sociale actuelle. Je pars de chez lui tard dans la nuit, le désespoir au cœur. Cette nuit sera l’une des plus effroyables de mon existence : des souvenirs afflueront sans que je sache lesquels sont les miens. Aucun d'eux ne m’appartient. Le fauteuil dans lequel je suis installé me mange la peau, je ne parviens plus m’en extraire. Je rêve d’aller à la cuisine pour prendre un verre d’eau, un simple verre d’eau : je me vois collé à un fauteuil dont le cuir attaque mes chairs comme pour s’y fondre et je hurle, je hurle… Je crois bien que je hurlerai toute la nuit, ce soir. Mon cri résonnera dans toute la ville mais qui l’entendra ? Les gens ne se soucient pas de moi, enfin. Peut-être à cette heure vivent-ils une expérience analogue à la mienne, on ne peut pas savoir. Seuls Ern-Streizald et les siens resteront inconscients de cette prise particulière de la nuit sur l’esprit, prolongeant jusqu’à l’aube les mondanités que j’ai fuies, pour ma part. Je n'y aurais pas trouvé de réconfort. Au mieux je me serais amouraché d’une petite actrice qui m'aurait fait de la peine. Dehors, j’entends un concert d’explosions. Des éclats de lumière traversent le salon. Je reste immobile, me disant : « Cette immobilité m’est favorable, c’est vraiment ce que je puis obtenir de mieux ». Je hais le monde entier, je m’en veux d’avoir entrepris un jour d’écrire un roman car ce projet témoigne d’une grande complaisance à l’égard de mes contemporains. J’aurais pu faire du cinéma. J’aurais insulté tout un chacun et personne ne s’en serait aperçu. Au contraire, on m’aurait congratulé, on m’aurait félicité… Mais à cette heure, il ne reste plus rien.
#2
Posté 21 mai 2009 - 09:21
#3
Posté 21 mai 2009 - 09:54
#4
Posté 21 mai 2009 - 09:57
Une des plus belles analyses du cinéma français et de ses "professionnels de la profession" que je n'ai jamais lues!
Quelle lucidité, quelle exactitude.
C'est du vécu, non?
#5
Posté 21 mai 2009 - 10:10
ah oui cannes !
#6
Posté 22 mai 2009 - 03:00
Mes blablas seraient bien inutiles.
Un des plus beaux textes que j'ai pu lire de toi.
Cela ne fait que renforcer ma présence, et, je t'en remercie.
Le silence me parait de mise ; ce que je m'emploies à faire.
Ecouter...
#7
Posté 22 mai 2009 - 07:29
ne recommence pas ça
surtout que je vois plus clair qu'il n'y paraît
ce qui n'est pas le cas de tout le monde ici
ce texte est pas mal à la deuxième lecture ouiais pas mal
Serio, tu peux préciser stp cette idée selon laquelle le ciné insulterait les gens, et pas la littérature ?
#8
Posté 22 mai 2009 - 07:46
os tete il faie de bule ave c bra
depuie 1898 regade :
dAngè du cInekIn
ca tueè vos malarmeè
non ceè pareilele ciné insulterait les gens, et pas la littérature ?
#9
Posté 22 mai 2009 - 07:52
#10
Posté 22 mai 2009 - 08:13
eh bien moi je me méfie des gens ostensiblement sympathiques, ils sont très souvent les premiers à sonner la curée
#11
Posté 22 mai 2009 - 09:31
Chaque développement de la guerre s'appuie sur l'un de ces piliers. On peut s'en satisfaire ou se révolter contre cette réalité structurelle. Le cinéma est la seule production culturelle qui soit entièrement dépendante de son tissu industriel. L'existence d'un cinéma dit "d'auteur", d'un cinéma "expérimental", n'est qu'un épiphénomène au regard de la puissance indutrielle du cinéma qui borne son propos, massivement, à hauteur des messages publicitaires, au mieux.
Le cinéma m'apparaît clairement, dans sa globalité, comme l'opium de la culture. La complaisance dont on fait preuve envers ce loisir en l'intégrant aveuglément dans le champ de la culture me préoccupe. Elle témoigne d'une soumlssion extrême à l'idéologie [appelons-la "managériale", faute de mieux].
La haine du cinéma, ce serait quelque chose comme un appel désespéré à la liberté. Désespéré car il se heurte à une haine infiniment plus répandue, quoiqu'elle ne s'énonce jamais comme telle : la haine de la liberté.
La musique a sans doute quelques accointances avec le cinéma dans son rapport à la propagande. Mais la musique, qui n'est pas dépendante de l'arsenal industriel qui la soumet, reste un champ d'exercice de la liberté de conscience. Le singulier pourra toujours s'y investir.
La littérature reste insoumise. En dépit du déversement quotidien de produits dérivés [du cinéma], elle permet à qui de droit de dire "je". Contre le monde.
#12
Posté 22 mai 2009 - 09:44
la guerre est à l'origine du monde
#13
Posté 22 mai 2009 - 10:23
Les tribus indiennes des plaines américaines devinrent particulièrement guerrières et belliqueuses pour se défendre lors de l'arrivée des immigrants européens. On peut d'ailleurs dire d'une façon générale que la guerre apparaît lorsqu'il y a résistance à une agression; certaines populations comme les Shoshones ne connaissaient pas la guerre avant de devoir se défendre. Chez les Cheyennes, les Arapahos et les Pieds-Noirs, il existait des sociétés guerrières qui servaient de lien entre les membres des différents groupes constituant les tribus. Ces sociétés guerrières comportaient des aspects religieux et valorisaient une culture du héros guerrier dont on «comptait les coups».
Source :
http://www.memo.fr/a...?ID=THE_GUE_003
#14
Posté 22 mai 2009 - 11:00
#15
Posté 22 mai 2009 - 12:05
#16
Posté 22 mai 2009 - 12:26
#17
Posté 22 mai 2009 - 12:57
a plus de te lire
seb
#18
Posté 22 mai 2009 - 01:03
#19
Posté 22 mai 2009 - 01:35
dommage que vous soyez pas à côté de moi, tous les deux, je vous recoifferais à grands coups de pied dans le derrière
avant ou après nous avoir sucé la queue?
#20
Posté 22 mai 2009 - 01:36
#22
Posté 22 mai 2009 - 05:20
allez je t'ai tendu la perche pd cadum
la perche? lol prétentieux moi je ne vois chez toi qu'un insignifiant cure-dent.
#24
Posté 23 mai 2009 - 11:21
C'est des têtes de Hongrois...
Comme sarko
#25
Posté 23 mai 2009 - 09:07
Pardonnez-moi ce moment de liberté.
mon pauvre serioscal t'es complètement fêlé
la guerre est à l'origine du monde
Le Monde est à l'origine de la guerre.
#26
Posté 23 mai 2009 - 09:48
Mais je suis sûre que tout cela est très enrichissant.
Rien qui ne vaut de quoi s'alarmer. Tous les mots existent, j'ai ôté les miens, ceux qui pourtant s'emploient à longueur de jours.
Merci de comprendre que le langage n'est pas réservé.
Amicalement.