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SI JE NE T'ECRIS PAS
Si je ne t'écris pas
Tu n'es pas là.
Un téléphone qui ne sonne pas et c'est l'espace qui se dit
C'est la distance c'est l'absence
Pour peu que je te voie que je te parle ou que je sache que tu m'entends
Alors peut-être pas présence mais il y a
Le lien
Et dans le lien disparait la distance.
Il n'y a pas peut-être
ni près
ni loin
Il y a ce qui se touche et ce que l'espace sépare
Ce qui de l'un à l'un et ce qui l'un et l'autre
Ce qui fait un
Ce qui fait deux
Les sons qui dans les câbles de la ligne téléphonique
abolissent l'espace.
Deux états d'être seulement : l'infini et le point.
Pourtant je tiens la plume à peine
A peine je touche au papier
L'encre à grand peine te dessine
Si je ne t'écris pas
Tu n'es pas là
Mais je ne t'écris pas
- Je ne peux pas.
* * *
ET QUAND JE PENSE A TOI
Je pense à la blondeur à la grandeur
à ta silhouette comme un feu follet sur un grand lac
A des bras qui s'ouvrent à moi et se referment sur moi
Des yeux plein les cheveux
Et tout le féminin dans la rondeur d'un sein
sous la courbe d'un débardeur
C'est à un baiser que je pense
Et quand je pense à toi
Je pense à des tours et des tours sur nous-mêmes
A la ronde à la danse au vertige à l'amour qui est tout à la fois
un manège une boîte à musique
Et le matin dans la cuisine un café à la main
C'est à un couple que je pense
Et quand je pense à toi
Je pense à nos passages à nos passés
nos quais de Seine A nos dîners
A nos idées pour l'avenir et à nos rêves
A nos désirs à notre religion pour deux à nos icônes de chacun devenu saint patron de l'autre
A nous passants Nous sur un banc
la rue du Maine et c'est la nuit - l'hiver
C'est à une amie que je pense
Et quand je pense à toi
Je pense à un regard d'enfant soudain
- Je t'aime en un murmure aux yeux mi-clos
où l'on entend
toujours la découverte mais aussi comme une peur
Et la chaleur
Et le plaisir comme un combat sans arme et sans raison
Et puis le silence
C'est à un amour que je pense
*