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Comme un paralytique aujourd'hui je crie vers
ceux qui passent au bord du gouffre où j'ai naguère
échu. A genoux dans l'ombre des opinions,
je repense au temps où je savais marcher. On
hurle autour de mon corps qui s'abime. Et le son
de leurs voix peu à peu me fait perdre raison,
m'assourdissent, enfin je m'esquinte la vue
dans le choc des rayons qui se heurtent. Tout nu
dans la poussière aussi je pousse un cri ; et puis
je me tais. Je sais bien que personne aujourd'hui
n'a que faire de ce qu'avant je pouvais voir
aussi loin que, croyais-je, l'on pouvait savoir.
Mais les cris étaient trop nombreux pour espérer
tenir la note juste et toujours écouter ;
trop d'astres artificiels masquaient le soleil
que lors je croyais voir.
Comme un paralytique au coeur de la pensée
je ne peux plus bouger -
Il est impossible de croire :
il faut savoir.
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