La maisonnette, calme, s'endort,
Chaque fleur, chaque bibelot, chaque souvenir a trouvé sa place depuis longtemps.
Ses murs ridés, craquelés, gavés de moment passé, digèrent.
Au travers de la seule fenêtre,
La vielle dame sur son rocking-chair, regarde passée les secondes,
Elle bascule d'avant en arrière, au rythme du tic-tac de la trotteuse.
Son cher mari l'admire, fidèle, dans son cadre en bois d'ébène.
Soudain, sa main frêle serre les accoudoirs,
Elle l'aperçoit…un songe. Un rêve ? Une mélodie ?
L'odeur de la réglisse l'enivre, la douceur de ses mains rugueuses sur sa joue, la belle montre couleur caramel, la cicatrice sur son poignet, la chemise aux rayures bleu clair, les promenades salées, sucrées, le désir, l'envie, l'excitation, le cœur au bord des lèvres
« Magda… ».
Le piano retient son souffle et glisse, l'accordéon s'emballe.
Belle, fraîche, sa robe légère tourne, « Magda… »,
Le rideau tombe. La foule gonfle, tourne avec elle et s'envole.
La maisonnette chancelle, elle vient de perdre son meilleur allié, Magda.
La trotteuse n'a rien retenu … tant pis que la valse l'emporte !