
Il est venu mourir
Il est venu mourir en ce brûlant été,
Quand le raisin trop lourd faisait courber sa grappe,
Dans cette herbe jaunie au grand soleil qui frappe
La terre alanguie en rouge volupté.
Il est venu mourir sous l’abri du feuillage,
Dans cette ombre indigo que donnent les bois verts.
Ses yeux étaient si bleus rejoignant l’univers
Qu’on ne vit pas alors qu’il n’aurait que cet âge !
Il est venu mourir avec la fin du jour,
Quand ses gémissements, dans le noir crépuscule,
Se sont éteints soudain sans autre préambule
Pour ce cœur effrayé par un chagrin d’amour.
Il est venu mourir, mais quel est ce mystère
Qui a fait que le ciel a répandu tant d’eau,
Pour que ce corps blessé et cette âme en lambeau
Ne veuillent pas quitter cette si belle terre ?
Il est venu mourir, mais dedans la poitrine
De ce bel étranger que l’on croyait bien mort
La vie s’en revenait et prenait son essor,
Car s’enfuyait au loin la mort, cette assassine.