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CHANTS DE L’AMOUR LOINTAIN


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4 réponses à ce sujet

#1 Dedalus

Dedalus

    Tlpsien ++

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Posté 18 juillet 2007 - 03:00

I.
J’ai cherché à t’entrevoir
A travers les effilochages du train
J’ai attendu sans voir ce moment
T’ai cherchée dans les draps
Un long long moment dans la nuit
Sans te trouver
Sans te trouver
Comme un iguane en récession
Comme un coma
Point d’orgue

O Mon Amour
Que tu es loin
Loin
Loin

II.
Il fait froid de la froidure d’une caserne
Ce lit défait sans toi
Cet espace sans espace
Où logeait ton corps
Il n’y a qu’un instant
Puis le froid d’une caserne
Silence

III.
Tout est vide sans toi
Ce lit
Ce ciel en sentinelle
Les rues sans étincelles
Si triste si triste

IV.
Mon insomnie
Les terres emmitouflées de neige
Crépitante et fuyante
C’est déjà l’hiver
Partout la neige
De l’océan aux vallées profondes
De l’âme toujours penchée
De l’Ouest

V.
La chambre vide résonne
Inlassablement de silence
Dans l’espace arraisonné
Presque coulé
Découlé de jadis
Il n’y a que les murs
Leurs échos digérés
Leurs strates dévorées

VI.
De fières perspectives à peine tordues
Des torsades vis sans fin

VII.
Mon absente
Mon attente
Insistante instance
Ton absence
Mon abscisse
Persistant précipice
O Mon Amante

Loin loin loin

Ce manque démoniaque
L’espace impitoyablement vide
Fluide
Hurlant
Contre des murs sourds
Leurs solitudes leur morne
Rude
La détresse
O Ma Maîtresse

Si loin si loin si loin

VIII.
Il ne me reste de ton corps
Que ta trace inscrite
Dans les plis des draps
Ta forme froide et vide
Un espace de rien
Creux

IX.
Voilà
L’œil écartelé
Ces pas
Errants mais pas perdus
De valse
Glissant triangulairement
Volcanique
En courbes tendues
Une farce
Enigmatiquement
Pharaonique
Divisée en trois
De pierre
Un temps
De feu
Un temps
De sang
Un temps
Ecarlate : l’assassine prophétie d’Hécate
Danse ensorcelée
Les corps en transe
Et les cœurs envoûtés
Les fers tranchant l’âme
Puis les diagrammes
De la guerre
Depuis la nuit des temps
Blanche jusqu’au matin
La vie recommencée

X.
Quand je n’aurai plus faim
Je serai mort
Ma vie repue
Ressassée encore
Et encore
Sans ennui
Ni lassitude

XI.
Plein de souvenirs et riche d’images jaunies par le temps
Un nuage en jupons

XII.
Il pleut dehors
Il pleut dedans
Partout la pluie
Qui coule
Inépuisablement
Impunissable
Dans le cœur comme dans du sable
Mon âme poreuse
Peureuse

XIII.
O Ces temps affamés
Ces intérieurs cauchemardesques
Voici la guerre
Voici le soc
Venu remuer la vie
Labourer la terre
En tortueuses arabesques

XIV.
La mémoire introuvable
Ses ombres incontournables
Des nuages noirs
Impénétrables
Comme des murs de murs
Des nuées de murs
Emprisonnant les temps
De ces temps

XV.
La voix
Claire et profonde
Le visage
Eclatant comme mille mondes
La chair
Etincelante brûlants
L’instinct
Flamboyant comme ravissements
Le message
Sans voix lancés
L’envoi
Enspiralé à l’infini

XVI.
Sans toi
Je suis comme un animal en cage
Comme un brasier sans feu
Sans rien qui l’attise
Ni chair ni flamme
Sans tes baisers tes lèvres
Pour m’irradier

XVII.
Je t’attends
Imperturbable
Comme une éternité
Inexorable
J’attends
Indéfectiblement
De t’aimer
De toute ma chair
De toute mon âme
Inlassablement

XVIII.
Un mirage
A moins que
Ce ne soit
Juste une éclipse
Un sacre
D’arsenic
Une absence
Comme un évanouissement
Un mythe
Un instant
Aussitôt
Evaporé
Oublié si vite
Après
Plus qu’une fragrance
Une ressemblance
Rien moins
Qu’un vague espoir
Un courant d’air de soupirail

XIX.
Remugle remuant
Il y a des sons des hurlements
Des hystéries
Je croyais que je rêvais
Ces temps
En pointillés
Et puis non
Il y avait plus
Qu’un pacte de la nuit
Il y avait
Partout dans ces temps
Des danses écarlates
De l’envie
De l’anti-vie
Plus que des murmures remuant
Les tumultueux grondements
Des essoufflements
De l’esprit explosé

XX.
Il n’y a de nouveauté que dans l’oubli
Et je suis né nu et sans mémoire
Décliné
Des chaînes du temps
Coincé dans les labyrinthes inutiles
De l’instant et du jadis

XXI.
Le festin absolu
La mémoire de la chair
L’histoire jamais résolue des corps
Des coulures des couleurs des cambrures
Les ombres et la fascination des Ombres
Danses des silhouettes dans les interstices
L’infini labyrinthe
Des transes en tête
Son sexe ses cuisses
Le destin cru
Sauvage
Amoureuse dévoration

XXII.
Comme une nuit assassinée
Un triste songe de pluie traînante
Triste onde dessalante
Désaxée fluide
Ogive dans un ciel épuré
L’œil brouillé dégoulinant
Des escouades de comètes chauves :
On entend dans les lointains émiettés
Sonner indistinctement
Des accords de rage
Une foule amorphe d’ex-étoiles
Au beau milieu
De la nuit oblitérée

XXIII.
Un récit à rebours
D’épopée passée en fraude
Surchargé de codes et d’exodes
L’immémoriale biographie
Exhaustive
Des destinées éternelles
Cosmos ersatzifié
De corps extasiés

XXIV.
La tête remplie de mots
D’images déchirées
Et puis brûlées
Plus qu’un verbe
Un son
Répété
Répété
Vénéré

#2 Carla.

Carla.

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Posté 18 juillet 2007 - 03:20

Des petites coupures, en enfilade, presque matérialisées par la présentation du texte, crescendo, pour finir au plus près de la brûlure... Quelque chose m'a retenu, un rythme, un souffle saccadé, tailladé. J'ai aimé ton ton texte.

#3 litchie

litchie

    Tlpsien +++

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Posté 18 juillet 2007 - 10:20

L'envoûtement est de la partie! Presque à bout de souffle, l'épuisement abolit la souffrance le temps d'une nuit, seules quelques étoiles sur un torse qui se bombe.....magnifique

#4 ___

___

    The Fresh Prince Al Adriano

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Posté 20 juillet 2007 - 03:40

yo

#5 balila

balila

    Tlpsien ++

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Posté 25 juillet 2007 - 10:11

Un champ de mots, pour un chant de vie labouré, douleurs éparpillées dans les sillons creusés par l'absente...

Un texte qui m'a touchée, Dedalus.

balila