Maudite poésie. Moi qui ai cessé de te lire, pourquoi me poursuis-tu, souillant ma parole ? J'aimerais tant te vomir une dernière fois. Toute entière.
***
J'aimerais tant te vomir, poésie. Ainsi je laisserais les morceaux de la parole morte et vide derrière moi. Si ce lance-flamme soudain me tombe sous la main, tu ne te relèveras point. Je veux te tuer dans ton hermine atroce.
***
Tu as fait de moi moins que le plus moins que rien des moins que rien. Je suis devenu un esclave misérable, à la parole éclaté. Je viens là reconquérir ma justesse. Toute justesse suivra ta perte, ton meurtre. J'y viens.
***
Comment te tuer sans me tuer complètement ? Mon objectif est ma naissance, non la signature de ma perte. Tes glaires m'empêchent de penser profondément. J'appelle les syntagmes surprenant, comme tu aimes à les diriger. Ta résistance retorse avilie mes tentatives de parler juste. Vas t'en, vas t'en.
***
Mon souffle est court. ma haine a les dents longues. Je t'emporterai et te scellerai dix mètres sous terre. Des gens m'ont fait comprendre - des hommes - que je te massacrerai pour finir. Rien, rien ne m'indique que l'heure de ton exécution est proche. Ce qui ne m'empêche de te malaxer très fort, te presser, te tordre ignominieusement, te cracher dessus.
***
Que viens tu frapper à nouveau à ma porte ? Tu recharges comme ce taureau encrouté de sang qui fonce sous le rire atroce du matador et de la foule assoiffée. Je suis le matador. Tu sens ma lance vrillée par temps de temps perdu, temps de temps, te perforer la nuque. Tu sues et tu empestes, tu as toujours empesté le cadavre, taureau, vieille putain.
***
J'achèterai autant de tueurs à gage qu'il sera nécessaire. J'irai piller n'importe quelle banque fédérale avec bonheur aidés par d'autres acolytes quelconques, pétés au mauvais vin. L'argent n'est pas un problème. Tu es mon seul problème. Tu m'étouffes, continues mon désespoir vain et fais de moi le cloporte que je ne suis pas. Mon être ne t'appartiens pas. Mon être ne t'appartiens plus. Nous allons nous libérer de tes griffes rasantes, mon être et moi.
***
J'ai plongé de tout mon corps dans la grande solitude, et mauvaise alliée tu m'y aidas. Je suis devenu lyriquement seul comme une merde. Je vais te noyer une bonne fois, agripper tes cheveux filasses, décolorés, tentaculaires, de mes mille nouvelles mains, je vais te traîner avec la vigueur de l'ours, sur cent lieux. Nous verrons ton sang tracer la bifurcation du chemin. Je vais te traîner, encore et encore, fouailler ton liquide, te crever.
***
Malgré tout, ta faculté d'adaptation dépasse la mesure du plus imaginatif artiste du vide. Où crois-tu bâtir tant de barrières ? Le territoire de ma volonté s'étend des kilomètres en toutes directions, et possède la capacité de transplanage. Conquéris une plaine, et je lance mon armée sur la voie du ciel.
***
Sale vermine. Tu me possèdes encore. Je veux t'arracher, comprends-tu ? Je veux labourer ta peau de mes ongles démesurés de haine, je veux labourer l'intérieur de mon ventre, peu m'importe de te renvoyer dans la douleur et les cris du supplicié écartelé à midi sur la place. Je vais m'avancer nu sous le soleil catastrophique d'une énième apocalypse pituitique; tous me verront et auront grand peur; je t'abattrai alors d'un coup circulaire de hache.
***
Je n'en ai pas fini. Voici que j'amène les dernières armes. toi qui m'enfonça avec heur, je m'en vais t'enfourner ce pieu aux piques venimeux si profondément dans l'anus de ta substance que tu hurleras encore quand je serai mort. Je te clouerai au sol, montrant l'exemple. Le spectacle intéressera du plus jeune éphèbe au plus vieil arbre; ton anus défiguré par la poussière et ma colère; que veux-tu, tes actes sont irrémissibles. Il est trop tard : vois, je prends la massue des cimes, en fer rouillé par l'usage.
***
Mon incantation se sert de ton éloquence, de tes images, mon incantation détourne tes mots, les rendant pareils à une armée de tics parcourant ton échine au supplice. Meurs, meurs !
***
Je sais que tout ceci est encore un poème, et que l'ombre de l'avancée est mon être aux affres de l'indigence. Et je sais que l'avancée elle même est cet interminable cadavre. Pourtant, je reviendrai.
***

J'ai entrepris de tuer la poésie à 19h13.
Débuté par zqfd, juil. 20 2007 12:43
1 réponse à ce sujet
#1
Posté 20 juillet 2007 - 12:43
#2
Posté 20 juillet 2007 - 01:59
Les paragraphes 4 et 10 m'ont carrément parus à l'arrache, pas beaux pour un sou. Le 8 est vraiment hyper super activant.
Le texte est très généreux, de mon point de vue. Le "pourtant je reviendrai" de la dernière phrase... je sais pas, je m'attendais (vu le reste du texte) à un "et je reviendrai"... genre un truc encore plus maso. Le "pourtant" m'amène vers le regret. Alors que le texte est beaucoup plus... à consumer plutôt qu'à regretter.
Jaguar.
Le texte est très généreux, de mon point de vue. Le "pourtant je reviendrai" de la dernière phrase... je sais pas, je m'attendais (vu le reste du texte) à un "et je reviendrai"... genre un truc encore plus maso. Le "pourtant" m'amène vers le regret. Alors que le texte est beaucoup plus... à consumer plutôt qu'à regretter.
Jaguar.