Junon
Serais-je assez puissante et patiente, en ces lieux
Où passent en puant tous les plus mauvais Dieux
Pour agir, pour fléchir, cette régence obsène,
Et pour pourrir enfin cette faim trop malsaine ?
Hélàs, rêver, songer, c'est chasser la raison
Le rêve est comme un vent qui fuirait sa maison !
Il raffraichit la chair, il jaillit sur la joue,
Mais c'est surtout au coeur que ce singe là joue !
Ô toi lune blessante ! Ô toi rocher maudit !
C'est toi changeant le toit de ce ciel : en taudit !
Je veux la chair, rocher, du masque de mensonges
Tu hantes toutes nuits, hôte toi de mes songes !
Rire malin, du mal heureux d'être malsain !
Etirant de ses traits, ton sein, ton cruel sein
Et tirant de son sein du lait fait de folie
Tu fêles ta poitrine... elle traine amollie !
Elle abreuve un poison de rêve mensonger
Qui voudra me ronger, qu'il me faudra songer !
Têtons laids tout riants à nos gorges émues
Tu nous égorgeras d'un sein que tu remues
Mon corps repu tu veux qu'a ton corps corrompu
Je tête à ton têton le dur lait de ton pu
Sans cesse elle dansait au dessus d'un sol ivre
La seule saleté que ta bouche délivre
Le rictus de Sélène accident de ce ciel
Celle dont la haine est un rire démentiel
Sans cesse j'y voyais de lugubres phalènes
Portant ton vil augure et tes libres halènes
Ô, feu de sang... de cendre ! Ô sang de toi... d'oeillets !
J'ai vu les jours se pendre et toi qui t'endeuillais
Où rien n'éteint mon coeur atteint, et même l'arme
Frappé d'une eau fatale et d'une intime larme !
Où mes eaux vont mouiller mes secrètes prisons
Soeur de ruse, lilith ! Je crains les horizons
Mon visage est trop plein de tes prisons secrètes
Qu'attise le tison d'un feu que tu sécrètes
Cocyte et Phlégéton ! Du feu forgé de larmes
Serait-ce au même feu que se forgent tes charmes?
Serait-ce au même feu que sans effort mon fer
Se ravive et se fond... me fait vivre un enfer ?
Percerais-je d'un sort ces étranges mystères
Que se voile m'etreind ! Qu'il m'entraine en mes terres !
Qu'il m'enterre au plus près de mes dangereux voeux !
Je veux ta mort Rocher ! Je hais...J'hurle, Je veux !

Iris et le sommeil
Débuté par dragon dé-bridé, juil. 11 2009 10:54
2 réponses à ce sujet
#1
Posté 11 juillet 2009 - 10:54
#2
Posté 11 juillet 2009 - 11:14
Bonjour Dragon,
Il est très fort ce poème...
son auteur me semble plus posé...
Chimémère
Il est très fort ce poème...
son auteur me semble plus posé...

Chimémère
#3
Posté 11 juillet 2009 - 11:46
Je te félicite, tu as choisi un thème des plus ardus; Tu es attentif à la rime et tu mets beaucoup de mouvements et de contraste dans ce caractère ombrageux de la déesse; mais quelques fois je trouve que Junon a des accents d'Hamlet, quand elle décrit le rêve, le songe; mais en tous les cas tu essaies comme dit l'autre d'enchaîner le rime à la raison.
Sapot
Sapot