Le jour esquissait ses premières lueurs
Comme la lande engourdie sortait de sa torpeur
Un vent cru et glacial s'y engouffrait du nord
Martyrisant la troupe de ses relents de mort
Avec application les seigneurs et leurs gens
Fourbissaient leurs armes et leur équipement
La veille, un cor puissant avait hurlé au soir
Plongeant tout le pays dans la crainte et l'angoisse
Les Saxons étaient là , et notre unique espoir
Résidait dans nos bras, nos coeurs et dans nos masses
Lors déjà notre colonne, bouleversée
Croisait le flot continu des réfugiés
Les félons de leur terre n'avaient fait aucun cas
Leurs femmes avaient péries, violentées
Leurs enfants, asservis par ces guerriers
Dont nul dieu n'adoucissait le bras
Alors une sourde fureur gagnait jusqu'aux montures
Faisant battre nos coeurs plus fort dans les armures
Ca et là nous trouvions de morbides charniers
Corps abandonnés au culte de Wotan
Barbares sacrifices par les chiens perpétrés
Renforçaient encore notre ressentiment
Au soir enfin gravissant une colline
Nous vîmes une plaine de feu dessous-nous apparaître
Embrasant la lande comme le feu de la mine
Une nation était là , campant parmi les hêtres
Aidés par les foyers, illuminant la nuit
Nous regardions haineux l'antre de l'ennemi
Loups rendus affamés par le deuil et la haine
Nous retenions nos corps de courir à l'assaut
Sachant que dès demain mille lances et cents fléaux
Allaient rendre justice et briseraient nos chaînes
Nous campâmes au plateau, besognant vite dans l'ombre
La nuit brumeuse cachant aux païens notre nombre
Affutant nos lames et attendant l'aurore
Pour surprendre les saxons et leur donner la mort
Enfin, après des heures les feux tant espérés
Dardèrent sur le camp et nous trouvèrent prêts
Les ennemis stupéfaits nous avisant enfin
Improvisèrent courant un mur de haches danoises
Je fis ranger mes gens en ligne près du ravin
Et apprêtai mes armes afin qu'on les pavoise
L'étendard de Pendragon flotta sur la bataille
Et les nôtres poussèrent un cri de joie
Cette croix scintillante qu'un dragon rouge assaille
Annonçait aux félons l'imminence du trépas
Le silence tomba alors magnifique et pesant
Tandis qu'en bas rangés, les housecarls attendant
De soutenir l'assaut frappaient leurs boucliers
De leurs longues haches, faisant chanter l'acier
Excalibur s'exaltait déjà dans son fourreau
Avide de méloper son funeste chant de mort
Je la tirai alors, et la levai bien haut
Scintillante faucheuse aux lustres de l'aurore
Je m'élançai hurlant vers les lames impies
Entendant derrière moi marteler les sabots
De la table ronde, furieuse et réunie
Se réjouissant d'avance de ce mortel assaut
Nous entrâmes fracassant dans la muraille
Avec nos destriers en guise de béliers
Leurs poitrails harnachés heurtaient les boucliers
Et faisaient grand ravage au sein de la piétaille
Assourdis, massacrés par les puissants chevaux
Le fyrd se débanda, et s'enfuit au galop
Laissant seules sur le champ les haches de leurs maîtres
Mille housecarls téméraires ne voulant se soumettre
Notre vague reflua, piétinant les mourants
Et gagna la colline pour reformer l'assaut
Tandis qu'en contrebas l'armée serrait les rangs
Plantant ses boucliers, attendant les chevaux
Nous nous lançâmes alors, plus fort qu'auparavant
Décidés à abattre ce rempart rutilant
Déferlant lourdement l'onde alla au contact
Du robuste mur d'écus qui nullement ne céda
Encaissant sans bouger le formidable impact
La charge de destriers subitement se brisa
Sur le fil acéré de mille haches saxonnes
Nous fûmes désarçonnés et roulâmes au sol
Précipités à terre, lourdement harnachés
Offerts aux ennemis espérant la curée
Excalibur grondait de rage et de colère
Me frayant un passage de sa lame délétère
Et sauvant par ce biais les autres du trépas
Peinant, nous reformâmes la ligne au bas
De la colline, sentant déjà le tourbillon
Des écus et des lames des fantassins saxons
Jusqu'au soir s'entrechoquèrent
Les lames
Les haches
Les écus
Les vies
Excalibur se tût, je sus qu'était finie
La titanesque guerre
Plus un saxon ne respirait céans
Un cri monta dans nos poitrines, libérant
La joie et la fierté d'avoir triomphé
Les Saxons repoussés, Bretagne était sauvée !!
Les Housecarls (du vieux norrois hous, maison, et carl,homme) sont une garde personnelle des seigneurs et rois vikings,ainsi que des rois anglo-saxons.
Fyrd: milice locale d'uncomté anglo-saxon, dans laquelle devait servir chaque homme libre
PS: dédié à Claricorne


