[...]-Vous m'en voulez ?
-De quoi ?
-De ne pas être libre. De ne pas vous embrassez quand j'en ai envie. D'écrire.
-Oui je vous en veux. Je suis même déçue. Il y a mille types plus passionants que vous. Vous êtes un lâche.
-Je suis un lâche. J'ai des habitudes d'esclave. Je tourne autour du pot. J'invente des choses pour ne pas y tomber et on finit toujours pas être d'accord avec moi sans que moi, vous comprenez, je ne sois d'accord avec moi. Mais si je voulais vivre sublimement il me faudrait de l'argent, beaucoup d'argent. Je vous envie, vous, de vivre dans un tel vertige de beauté. De vous réveiller et de vous dire que tout est possible, que vous avez des gens magnifiques à aller voir, des gens qui brassent la réalité à coups d'euros, qui dînent tout les soirs dans les restaurants de Paris, des mondains qui ont une conversation. Je n'ai aucune conversation.
-J'entends bien.
-Pourtant il faut que je parle et qu'on m'écoute parler. Je suis un bavard, voilà ce que je suis. Je m'ennuie, il faut que j'ennuie les autres.
-C'est vrai.
-Non, vous n'êtes pas assez folle pour m'entendre. Vous en avez marre. Il faudrait que l'on ferme ma bouche d'un baiser ou d'une gifle. Il faudrait me dire "Vit". Vous ne le faîtes pas. Pourquoi vous ne m'embrassez pas ?
-Parce que vous êtes encore un enfant.
-Votre réponse me satisfait à moitié. J'ai tellement de choses à apprendre de la vie alors que je connais presque tout de la mort. Je sais que je vous impressione. Je n'indifférencie personne. Je fais peur, surtout. Je rends triste parce que je suis une figure marquante de ce siècle. Je suis un peu d'espoir désabusé. Vous avez tort de dire que je suis un enfant. Je ne m'émerveille plus. Je survis et je témoigne. Je témoignerais de tout ce que je vois. Je témoignerais même de vous !
-Haha
-Ne riez pas, il n'y a rien de drôle. On dit que j'ai de l'humour mais c'est faux. Je ne suis que très rarement joyeux. Ce que je veux, qu'est ce que je veux ? Je veux être avec une femme. J'ai appris ça en marchant seul dans les rues de Paris. Je crois de plus en plus qu'il y a une femme, une seule, qui m'est destiné. Car je suis singulier n'est-ce pas ? Alors pourquoi n'y aurait-il pas une femme aussi singulière que moi. Cette femme je m'aperçois que ce n'est pas vous. De plus vous êtes déjà amoureuse. Alors pourquoi parlons-nous encore ? Je m'en vais. Ma femme et moi nous serons un. Un couple qui surprendra le monde. Je suis capable d'aimer un autre que moi-même. Et j'ai tellement envie d'aimer que je serais le plus fort à aimer. J'aurais tellement attendu.
[...]

Notes pour un feu follet
Débuté par LeGénéralAnonyme, sept. 06 2009 12:04
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