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Dans les yeux du chat noir


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11 réponses à ce sujet

#1 Lapsus

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Posté 28 février 2011 - 04:00

Les Chinois voient l’heure dans l’œil des chats. L’Horloge – Le Spleen de Paris – Charles Baudelaire


Dans l’œil de ce chat noir, il est presque minuit ;
Dans son iris d’or jaune a glissé de la steppe,
Deux touffes de sol rare, inconnu de la guêpe,
D’une herbe sans mémoire et qui jamais ne fuit.

Et sur ce sol de fièvre est venu le cheval
Du tout dernier Mongol du tout premier des âges,
Afin de s’enivrer de l’or des paysages ;
Celui-là qui broutait par le mont et le val.

Au pommeau de la selle est fixé le poignard
Assassin et luisant de la paix du nomade,
De cette paix précieuse aux doux reflets de jade ;
On prétend qu’elle brille aux yeux du charognard.

Dans l’œil de ce chat noir n’est que le rythme lent
Du temps qui s’éternise en débris d’aventure,
Faute de rassembler les signes d’écriture
Pour tracer ce nom seul, celui de Tamerlan*.

Comme l’heure est troublante aux yeux d’un chat vairon,
Par deux yeux, deux couleurs, l’horloge est infinie.
Qui passera le fil au chas de l’harmonie ?
Je vous parle d’aiguille et non de napperon.

Dans l’œil de ce chat noir, j’ai cru lire minuit ;
Son iris émeraude est couleur de rizière,
Au fleuve du Yangtsé se verse la rivière
Emportant dans ses flots le spleen et mon ennui.

Et dans cette rizière un dos maigre est courbé,
Plus courbé que la terre et bien aussi bas qu’elle ;
Si le monde est ancien, la récolte est nouvelle,
Le geste de la main n’est jamais perturbé.

Grain de sable ou de riz, tout vient compter le temps,
D’un battement de queue ou d’un poing métronome ;
Confucius, millénaire, est encore un jeune homme,
Il monte de la jonque un air doux et chantant.

Filtre de porcelaine où mon âme a passé,
Au fond de la théière, il me reste huit vies,
La première est tombée, ô chat, j’ai des envies ;
Dans les yeux du chat noir, il est minuit tassé.


*Tamerlan : (Timour ou Timur Lang, « Timur le boiteux », du verbe persan langidan – boiter ) (1336-1405), était un guerrier turco-mongol du XIVe siècle, conquérant d’une grande partie de l’Asie Centrale et de l’Ouest.

#2 uniquement-moi

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Posté 28 février 2011 - 05:53

Dans l’œil de ce chat noir, il est presque minuit ;
Dans son iris d’or jaune a glissé de la steppe,
Deux touffes de sol rare, inconnu de la guêpe,
D’une herbe sans mémoire et qui jamais ne fuit.

Et sur ce sol de fièvre est venu le cheval
Du tout dernier Mongol du tout premier des âges,
Afin de s’enivrer de l’or des paysages ;
Celui-là qui broutait par le mont et le val.

Au pommeau de la selle est fixé le poignard
Assassin et luisant de la paix du nomade,
De cette paix précieuse aux doux reflets de jade ;
On prétend qu’elle brille aux yeux du charognard.

Dans l’œil de ce chat noir n’est que le rythme lent
Du temps qui s’éternise en débris d’aventure,
Faute de rassembler les signes d’écriture
Pour tracer ce nom seul, celui de Tamerlan*.

Comme l’heure est troublante aux yeux d’un chat vairon,
Par deux yeux, deux couleurs, l’horloge est infinie.
Qui passera le fil au chas de l’harmonie ?
Je vous parle d’aiguille et non de napperon.

Dans l’œil de ce chat noir, j’ai cru lire minuit ;
Son iris émeraude est couleur de rizière,
Au fleuve du Yangtsé se verse la rivière
Emportant dans ses flots le spleen et mon ennui.

Et dans cette rizière un dos maigre est courbé,
Plus courbé que la terre et bien aussi bas qu’elle ;
Si le monde est ancien, la récolte est nouvelle,
Le geste de la main n’est jamais perturbé.

Grain de sable ou de riz, tout vient compter le temps,
D’un battement de queue ou d’un poing métronome ;
Confucius, millénaire, est encore un jeune homme,
Il monte de la jonque un air doux et chantant.

Filtre de porcelaine où mon âme a passé,
Au fond de la théière, il me reste huit vies,
La première est tombée, ô chat, j’ai des envies ;
Dans les yeux du chat noir, il est minuit tassé.


*Tamerlan : (Timour ou Timur Lang, « Timur le boiteux », du verbe persan langidan – boiter ) (1336-1405), était un guerrier turco-mongol du XIVe siècle, conquérant d’une grande partie de l’Asie Centrale et de l’Ouest.

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On t'a poussé encore ce matin avec mon adresse e-mail: moi_moi_encore@yahoo.fr ?

#3 Lapsus

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Posté 28 février 2011 - 06:20

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On t'a poussé encore ce matin avec mon adresse e-mail: moi_moi_encore@yahoo.fr ?

Quel rapport, tu te prends pour Davy Croquette ?

#4 zarha

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Posté 28 février 2011 - 06:40

good to be back! g trouvE le chat noir un pe long.... merci du com cela dit.

#5 jean-luc78

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Posté 28 février 2011 - 06:43

good to be back! g trouvE le chat noir un pe long.... merci du com cela dit.

Purée, j'ignorais que j'aurais autant de bonheur à retrouver une analphabète de ton genre, et pourtant, si, c'est le cas !

#6 Lapsus

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Posté 28 février 2011 - 06:57

good to be back! g trouvE le chat noir un pe long.... merci du com cela dit.

Normal, aux environs de minuit, l'heure est toujours plus longue.

#7 Dad Allaoua

Dad Allaoua

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Posté 28 février 2011 - 07:15

Une belle poèsie pleine d'imagination
Merci pour le partage
Bonne soirée
Amitiés
Allaoua

#8 jean-luc78

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Posté 28 février 2011 - 07:27

Salut lapsus,

naturellement le texte est très bon, mais depuis quelques jours il y a tant de nouveautés sur ce forum que je reprends la chicane au galop, c'est plus fort que moi. :D

#9 Lapsus

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Posté 28 février 2011 - 07:44

Merci Jean-Luc.
Espérons que TPL retrouve sa vigueur d'antan et le goût du partage, savant ou même impertinent.

#10 jacquolarime

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Posté 01 mars 2011 - 12:52

J'aime le souffle épique de ce (long) poème.

Toutefois, et à moins que je n'aie rien compris (ce qui n'est pas à exclure !), dans la strophe :

Dans l’œil de ce chat noir, il est presque minuit ;
Dans son iris d’or jaune a glissé de la steppe,
Deux touffes de sol rare, inconnu de la guêpe,
D’une herbe sans mémoire et qui jamais ne fuit.


n'aurait-il pas fallu écrire : "Dans son iris d'or jaune ONT glissé de la steppe,
Deux touffes de sol rare, INCONNUES de la guêpe(...)"

Toutefois, si l'épithète INCONNU se rapporte au syntagme SOL RARE, il serait peut-être préférable de dire : "Deux touffes DU (ou D'UN) sol rare.

Mais je cherche peut-être la petite bête ?...

J.

#11 Lapsus

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Posté 01 mars 2011 - 01:04

Merci Jacques pour cette lecture critique et attentive.
Glissé se rapporte bien à la steppe, c'est bien elle qui glisse dans cette vision d'un autre temps. Cette steppe, c'est deux touffes de sol rare et c'est bien le sol qui est inconnu (étant rare) de la guêpe. Il faut dire que ça glisse beaucoup dans cette histoire et que les accords doivent suivre.
Quant à la petite bête, ça tombe bien, un chat noir aux yeux vairons, ça peut le faire aussi.

#12 jacquolarime

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Posté 01 mars 2011 - 01:27

Merci Jacques pour cette lecture critique et attentive.
Glissé se rapporte bien à la steppe, c'est bien elle qui glisse dans cette vision d'un autre temps. Cette steppe, c'est deux touffes de sol rare et c'est bien le sol qui est inconnu (étant rare) de la guêpe. Il faut dire que ça glisse beaucoup dans cette histoire et que les accords doivent suivre.
Quant à la petite bête, ça tombe bien un chat noir aux yeux vairons, ça peut le faire aussi.


OK ! Je n'avais pas saisi que la locution "de la" était partitive du sujet "la steppe". D'ailleurs, j'aurais dû remarquer la virgule après "steppe", qui eût été inutile (sinon fautive) si "touffes", mis en apposition à "steppes", avait été sujet de glisser.
Toutes mes excuses pour cette remarque inappropriée.

J.