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Je m'appelle Dépression


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4 réponses à ce sujet

#1 sweetyoffire

sweetyoffire

    sweetyoffire

  • Membre
  • PipPip
  • 25 messages

Posté 16 juin 2011 - 03:08

Je m'appelle Dépression.

« Je suis triste pour elle
Quand je pense à tout le mal que je lui ai fait...
A tout ce que j’ai voulu détruire en elle.

A ses cheveux blonds soleil que j’ai voulu ternir,
A son sourire que j’avais cassé,
A son corps que j’avais déformé,
A la souffrance que je lui ai infligée,
A son visage que j’ai voulu cacher,
A ses désirs que j’ai controversé,
A ses rêves que j’ai brisés,
Au temps que je lui ai volé,
Aux amis que je lui ai fait perdre...

J’ai même utilisé ses amours pour la faire tomber,
Et je repense à celui qu’elle aimait...
Je les ai séparés par ma seule volonté...
Il a suffit que je la détruise, pour détruire leur amour...
Contre elle, j’ai aussi utilisé ses études,
Car je savais qu’elle étaient ses meilleures alliées.
Elle aurait adoré étudier, apprendre,
Et j’ai fait en sorte qu’elle ne puisse pas y arriver.

Je l’ai faite pleurer,
Je l’ai poussée à crier,à frapper,
Je l’ai poussé à la colère, au désespoir.
Je me suis implantée en elle
Sans qu’elle ne puisse comprendre pourquoi j’ai fait ça.

Je repense à ses parents et à Philippe...
Au mal que je l’ai poussé à leur faire,
Sans qu’elle puisse prendre conscience du mal qu’elle leur faisait.
Pour se défendre contre moi, elle courrait,
Elle sortait de chez elle,
Et elle courrait si vite, si fatiguée,
Jusqu’à ce que son corps n’en puisse plus
Et abandonne épuisé.

Mais moi, j’étais toujours là.
Elle ne pouvait pas me fuir, je ne courre pas.
J’étais à l’intérieur d’elle.
Parfois derrière elle, dans son ombre.
Mais j’étais partout.
Elle, démunie face à moi,
rentrait chez elle,
Si fatiguée que même moi
je n’avais plus d’emprise sur elle.
Elle ne pouvait plus rien faire d’autre que dormir.
J’allais attendre demain.
Au réveil, je n’avais qu’à surgir
Avant même qu’elle ne puisse penser.

Quand elle a commencé à prendre des médicaments,
Je me sentais encore plus forte,
Car elle avait accepté d’être faible...
Elle m’avait acceptée.
Le champs fut facile :
Tout laissé libre à moi seule.
Elle était fatiguée,
plus démunie encore qu’auparavant.
Avec mes pics, je lançais sur elle :
La colère, le désespoir, la tristesse,
Le désarroi, la peur, l'angoisse...

Je lui retirais facilement la détermination
Afin qu’elle ne puisse pas essayer de lutter,
Mais aussi les sensations de bonheur, d’apaisement.
Elle s’est retrouvée à penser que la vie n’était que ça :
De la souffrance perpétuelle.
Elle a voulu mourir.

Quelque part c’était dommage que le jeu s’arrête là.
Alors j’ai joué avec ça.
Je lui ai laissé un peu de bonheur par-ci par-là,
Mais surtout beaucoup de difficultés à les vivre,
A cause de ses colères, et ses actes insensés.
Parfois, mieux que moi,
Elle savait ce que je voulais qu’elle fasse,
Que désespérée elle faisait.
Nous avons alors commencé à ne devenir plus qu’une seule
Et même personne.

Elle avait enfin oublié qui elle était :
La fille aux cheveux couleur soleil,
Avec son sourire qui illuminait ses parents, ses amis,
L’odeur du printemps et de l’été qu’elle avait tant adoré.

Elle avait oublié ces après-midi avec ses amis,
Quand elle courrait sur la plage.
Elle avait oublié qu’elle avait été libre,
Libre d’être heureuse.
Elle avait oublié qu’elle était belle.
Elle avait oublié les confidences qu’elle et Audrey se faisaient,
Ces moments où elles disaient les mêmes mots en même temps,
Ces fous-rires, leur complicité...
Elle avait oublié ces moments avec ses parents,
Ces repas le soir tous les trois en famille...

Elle avait oublié qu’elle aimait ses parents,
Le sourire, les câlins,
Les bisous, la douceur de sa mère.
Elle avait oublié les colliers,
Câlins qu’elle faisait à son père,
Les bisous qu’il lui faisait,
Sa main dans la sienne,
Et son sourire.

Elle avait oublié qu’elle pouvait les rendre heureux,
Elle avait oublié qu’elle pouvait leur montrer qu’elle les aimait.
Elle avait oublié la douceur des bras de sa mère,
Elle avait oublié qu’ils étaient tout pour elle.
Que sans eux elle mourrait.

Mais moi je ne l’avais pas oublié...
La séparer d’eux était le mieux que je puisse faire contre elle.

J’avais tout réussi.
Nous n’étions qu’une.
Elle était à mon image.
A l’image de ce que je suis :
La dépression.
J’avais vraiment tout réussi,
Nous étions seules, fébriles,
C’était parfait.

J’avais tout réussi...
Sauf une chose qui pouvait détruire cette perfection.
Je n’ai pas réussi à la séparer de ses parents.
Elle s’est quand-même accrochée à eux,
Bien que je tirais très fort dans mon sens.
Elle est restée avec eux.
Et petit à petit je me suis sentie partir :
A chacun de leurs sourires,
A chacun de leurs baisers,
A chacune des paroles qu’ils échangeaient,
J’avais l’impression que cette fois c’était moi qu’elle délaissait.

Puis elle s’est mise à leur rendre service.
J’ai commencé à avoir peur,
Et c’était bien la première fois qu’elle me gifla.
Elle utilisa mes propres armes contre moi.
J’étais à l’intérieur d’elle,
Et elle a finit par être aussi à l’intérieur de moi.
Je m’en suis rendue compte quand elle a décidé
D’apprécier les corvées qu’elle réalisait.
C’était impossible,
J’avais trop travaillé pour que ça n’arrive.
Et j’ai senti un coup dans ma poitrine.
J’ai tenté de résister en faisant revenir
Au moment du coucher des angoisses,
Pour qu’elle se sente faible,
Qu’elle perde cette petite confiance
Qu’elle commençait à se donner.

Elle a eu mal...
Mais je ne sais comment,
Elle a combattu.

Je me suis alors attaquée à la maladie de son père,
Je lui ai ouvert les yeux
Pour qu’elle voit dans quel état il était.
Et elle l’a vu.
Je n’ai rien compris.
Elle a souffert, comme je l’avais prévu...
Et elle s’est rapprochée de son père...
Elle l’a soutenu dans cette épreuve,
Elle lui a montré qu’elle était là,
Qu’il pouvait compter sur elle,
Qu’elle l’aimait.

Alors j’ai tenté aussi de provoquer une saute violente d’humeur,
Et elle s’est excusée avant même d’avoir de s‘être énervée,
Elle s’est raisonnée, a relativisé,
Et a pensé au mal qu’elle avait fait à sa mère par le passé.
Elle l’a prise dans ses bras,
Lui a dit qu’elle l’aimait,
Et s’est mise à l’aider dans tout ce dont elle avait besoin.

Nous nous sommes beaucoup battues comme ça.
Elle m’a dit qu’elle voudrait faire une pause.
Qu’elle avait appris à me connaître puisqu’elle avait été moi.
Elle m’a rassurée,
M’a dit que j'étais une partie d'elle
Malgré tout le mal que je lui avais fait,
Qu’elle savait que je souffrais,
Et qu’elle allait m’aider.

Elle m’a proposé de prendre sa main
Et venir me changer.
On s'est mises à courir,
à courir si vite que je ne vis plus ce qu’il se passait.
Des soleils, des étoiles, des champs, des villes à toute allure défilaient...
C’était beau, je me sentais bien.
Petit à petit nous devenions elle,
Ca faisait du bien.
J’ai réappris à la connaître,
Elle m’a découverte,
Et je me suis découverte.
Je lui donne des conseils parfois,
je la préviens de ce qui pourrait arriver de négatif,
je la raisonne d’autres fois.
Elle me donne des conseils pour ne plus déprimer,
Pour que la vie soit belle et agréable à vivre.
Je la soutiens pour qu’elle soit plus forte,
Car maintenant elle sait comment se détruire,
Mais aussi comment l’éviter.
Depuis quelques mois,
j’ai changé de vie et de nom.

Aujourd’hui je m’appelle Maturité."

Sweetyoffire


#2 hooligan style

hooligan style

    Tlpsien

  • Membre
  • Pip
  • 3 messages

Posté 16 juin 2011 - 07:54

Sincères Félicitations.
Je n'ai que survolé ton texte pour l'instant mais il respire la qualité et la sincèrité. encore bravo.

#3 hooligan style

hooligan style

    Tlpsien

  • Membre
  • Pip
  • 3 messages

Posté 17 juin 2011 - 12:35

Bravo bravo!!!
superbe

#4 sweetyoffire

sweetyoffire

    sweetyoffire

  • Membre
  • PipPip
  • 25 messages

Posté 18 juin 2011 - 11:34

Bravo bravo!!!
superbe


Merci beaucoup Hooligan Style! :)

#5 baccala

baccala

    Tlpsien +++

  • Membre
  • PipPipPipPip
  • 1 321 messages

Posté 18 juin 2011 - 02:31

Sincères Félicitations.
Je n'ai que survolé ton texte pour l'instant mais il respire la qualité et la sincèrité. encore bravo.


Vu d'un effleurement, le relief tourmenté est splendide.
Mais que dit la boîte noire?
Un silence radio.