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le cahier rouge du Père Joseph - XIII


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#1 R.N.Rodrigues

R.N.Rodrigues

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Posté 11 août 2011 - 11:33

- « Très bien, mon bon ami» - dis-je en mettant les macaronis dans son plat.
(cont. du chapitre XII)

Un typique déjeuner du dimanche avec mon ami. On a beaucoup mangé, mieux, on a beaucoup bavardé lui et moi, tout en prenant des gorgées d'eau-de-vie.
Je dois dire qu'il est un bon auditeur, il entend tout sans intervenir. Quand j'ai fini de parler, il aboie et remue la queue. Il est très intelligent et très amical. On cohabite depuis cinq ans, depuis que l’ai trouvé dans la poubelle du marché. Grand, sale, blessé, gémissant bassement. Il tremblait de froid. Pauvre chiot, abandonné tout comme moi. Nos yeux se sont croisés et j'ai eu pitié de lui. Alors, je l'ai adopté, je l'ai soigné et j'ai guéri ses blessures, je l’ai appelé Faim parce qu’il réclamait tout le temps à manger. Depuis, nous ne nous sommes jamais séparés. Toujours ensemble, là où je vais, il va aussi. Il ne m’abandonne jamais, même pas quand je suis très saoul et que je sommeille sur le trottoir. Il reste couché près de moi, me surveillant. Un vieil ami me disait qu'un bon mendiant se devait d'avoir deux choses dans la vie : une brouette pour gagner sa vie et un bon chien pour le protéger. C'est vrai !


Après notre copieux "banquet" nous avons été nous coucher. Monsieur Faim sur le tapis, et moi, un peu saoul, j'ai attaché le hamac près d'une porte-fenêtre


Chapitre XIII - Violence et peur…

Je me suis réveillé quand les rayons du soleil froid de l'après-midi sont venus caresser mon visage et j'ai entendu le vacarme d'une discussion entre deux hommes qui venait d’en bas :

- « Tu es un voleur, un fripon » criait un brun maigre avec un petit couteau, en menaçant un blond, cheveux lisses, visage étiré et sans dent, adossé contre le mur d'un bâtiment en ruine, lieu où les vicieux viennent se droguer.
« Je veux mon argent. Je vais te tuer, voleur !»

Je me suis levé et je me suis mis à marcher très vite vers le balcon pour regarder la discussion. Monsieur Faim épouvanté courrait vers l'autre balcon de la porte-fenêtre, en commençant à aboyer bien haut. Le brun maigre avec le petit couteau était horrible, l'autre l'observait. Il se mordait les lèvres avec rage, crachant violemment entre les pieds déchaussés du blond édenté, marmonnant entre ses dents : « Tienes muchas suerte, hijo de la puta ».( Tu as beaucoup de chance fils de pute)… Il crachait de nouveau, le défiant, puis il est entré dans le bâtiment. Le blond édenté m'a regardé et j’ai observé ses yeux tristes et sans vie. Je l’ai suivi du regard jusqu'à le voir disparaître au coin de cette rue.

Le silence a recommencé à régner. La rue était déserte, pas de voitures, seulement des papiers volants sur les trottoirs sales et des pigeons becquetant entre les fentes des pavés… Je retournai vers mon hamac, reprenant le livre « Candide» de Voltaire et je me couchai pour le lire. J'adore ce livre, c'est la deuxième fois que je le relis. Monsieur Faim, mon bon ami, s’en retourne vers son coin sur son tapis afghan.

Vers six heures de l'après-midi, les cloches de l’église du centre commencèrent à sonner appelant les fidèles à la messe. Il y avait un beau crépuscule, tranquille, d’un soleil jaunissant s’endormant à l’arrière du quartier du Bonfim, de l'autre côté de la rivière seuls quelques papiers volaient sur les trottoirs sales…

Je me levai du hamac, laissant le livre sur la petite table de bois. Sur l’autre table, la casserole était encore pleine ! C’était l'heure de notre souper. J'allumai une bougie et Faim s'approcha.
Après le dîner, je vins sur le balcon, fumant un joint, je regardai le joli paysage, les lampes allumées, les voitures et les bus circulant dans l'avenue. Des couples se promenaient, s’embrassaient. Un chien vagabond déambulait en cherchant sa nourriture dans les ordures amoncelées dans le coin de la rue. Une chatte jouait avec ses petits, mais toujours en continuant d’observer le chien. Les rats nerveux couraient d'un côté vers l'autre. J’entendais les cris d'une chouette qui volait sur les toits noircis par le temps sous cette timide lune d'hiver qui éclairait un ciel étoilé. Je ressentais la brise suave qui venait de la mer. J'allumais la petite radio et je la réglai sur le programme de jazz. Bien que j'adore la musique classique, j'aime aussi le jazz des
années 50.

J’écoutais le saxophone du grand musicien américain Charles Parker, « The bird » (l'oiseau), une jolie mélodie qui portait mon âme. Je m'installai dans la chaise du bureau en approchant la chandelle de moi. J'ouvris mon cahier, et je me mis à fumer, pour me remettre ensuite à écrire