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Quatre Notes, Une Trille


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1 réponse à ce sujet

#1 INFONTE

INFONTE

    INFONTE

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  • 57 messages

Posté 03 septembre 2007 - 09:16

Je suis arrivé de nuit, en bout de course et d'autoroute.
Les pare-chocs avançaient en sucres, dans les cris, les secousses.
Les feux de signalisation et de position se prenaient pour des néons
Et la gare de péage barrait l'horizon, dans son habit ébloui de pénombre.
La chaleur entêtait, et le bruit, et le ressac des freins : l'odeur de pétrole ...
Je plumais mon alouette de malaise.

La Ville, là-bas, derrière, habitait la nuit.
Je la connaissais : la Via dei Fori et le Colosseo, et la Place, et le Tibre.
J'y trainais en pensée, sans action, par omission, ici sur mon parking mouvant.

Beaucoup plus tard, je me suis évadé, par une bretelle mal éclairée.
J'ai traversé un village vide qui sentait le froid de ses caves dans l'air léger.
Les rues résonnaient. On sentait la campagne proche, si proche.
J'ai attendu à un feu de signalisation le vert puis le rouge puis le vert.
La nuit s'embuait dans des clartés de lait car le jour approchait.
J'ai frisonné d'un frisson de falaise.

La Ferme, là-bas, plus loin, vivait sans aucun bruit.
Je la connaissais : la grande allée de poussière et la tour, les oliviers et les vignes.
J'y flanais en pensée parce que ... c'est ainsi que j'aimais.

Beaucoup plus tard, je suis arrivé, au point mort, presqu'à la dérobée.
J'ai garé ma voiture prés de la gare et j'ai pris le sentier aux talus dévorés.
Je marchais sur place, les yeux rivés aux portes charbonnées sur le gris des grilles.
C'est là que j'ai guetté l'orange sali de rouge d'un premier soleil.
Quatre notes ont jailli puis une trille et le silence aprés le chant du rossignol.
J'ai pleuré, oui je crois avoir pleuré.

J'ai ouvert mes volets en plein midi sur le monde éclaboussé de lumière.
Les collines se déroulaient dans leurs lignes d'oliviers, j'étais si loin.
Dans une heure, je descendrai en gare de Termini. J'étais à Rome, enfin.

#2 Lé Clone

Lé Clone

    Tlpsien +++

  • Membre
  • PipPipPipPip
  • 533 messages

Posté 03 septembre 2007 - 02:26

" J'y flanais en pensée parce que ... c'est ainsi que j'aimais. "

Il n'y a presque que la poésie pour permettre de vivre cela.
C'est très agréable de le lire ainsi écrit, cela donne l'impression d'être authentiquement normal.