SPLEEN DU LAMPADAIRE
Lorsqu’enfin le jour s’endort et la nuit se réveille,
Je sors à mon tour de ce tendre sommeil.
J’éclaire avec douceur les allées embrumées,
Observant sans peur l’ombre de la nuitée.
Lampadaire solitaire sous le ciel étoilé,
Aux lueurs étrangères dans la nuit argentée,
Les filaments de mon éclat s’étendent sans bruit,
Enveloppe impuissante des âmes cherchant l’oubli.
Spectateur à jamais muet sur les sentiers de pavés,
Scrutant les malheureux sans pouvoir les réconforter ;
Deux enfants abandonnés pleurent père et mère,
Mais, du chagrin, personne ne les libère ;
Une femme, sur un banc, esseulée et en pleurs,
Crie silencieusement la détresse de son cœur.
Un poète miséreux en quête d’inspiration,
Passera sans trouver de doux sujet à chansons.
Scènes silencieuses dans le théâtre du firmament,
Le spleen du lampadaire se prolonge éternellement.