Achille Laugé, le peintre pointilliste, était originaire de ce petit village au coeur de l'Aude.
Cailhau, village ancien niché en un vallon,
Circulade de pierre au creux des frondaisons
D’antiques arbres verts aux feuilles brillantes et drues,
Ecrasée de soleil ; Cailhau te souviens-tu
Du fils de paysan qu’on voulut pharmacien
Mais qui ne désirait que peindre, sinon rien ?
J’ai marché sur les pas de ce gars du pays,
Emprunté les ruelles aux bâtisses vieillies
Dont les briquettes rouges, usées, couleur de sang,
Tranchent sur le crépi que l’on a refait, blanc.
Par une journée tiède, estivale et ventée,
D’un pas lent et pensif j’ai rencontré Laugé.
Jouant parmi les cimes un vent tiède bruissait
Tel la mer paresseuse mourant sur les galets.
Quelque grillons crissaient, de rares pépiements
Accompagnaient mes pas, fond paisible et charmant.
La famille Laugé ne l’a pas fréquentée,
L’église au plafond peint sentant l’humidité.
La famille d’Achille, avant lui ses parents,
Des gens sans foi, sans Dieu, vivaient laïquement.
Fidèles aux principes de la république
Ils mirent le jeune Achille à l’école publique.
Dans la cour arborée où il jouait aux billes,
A cette époque-là, y voyait-on des filles ?
Laugé, curieusement, ne peignit pas Cailhau,.
Ses rues et ses maisons, n’ornent aucun tableau.
Seules des vues générales et l’église perchée
Apparaissent au loin, tout au plus suggérées.
Oui vraiment, je pensais à l’artiste disparu
Ce beau jour de printemps où j’arpentais les rues
Baignée des lavandes, des oiseaux, des cigales
Que louait Achille Mir, son ami provençal.
Du parvis de l’église un échiquier de champs
De pousses d’un vert tendre et de blé mûrissant
Me rappelaient combien les plantes et la nature
Inspiraient plus Laugé que les pierres et les murs ;
Lui qui toute sa vie peignit ce qu’il voyait,
Trouvant l’inspiration lorsqu’il se promenait,
Lui dont la demeure portait un nom d’oiseau,
Celui de l’alouette dont le chant est si beau.
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