Autrefois tribuns, goths, mamelouks, templiers
Ployaient sous leurs jougs plusieurs nations entières
Ou prenaient aux vaincus les postures altières
Quand le soir ils aillaient sous de vastes piliers.
Césars, vice-amiraux, fantassins, charretiers
Une épée à la main, ou quelques chevalières
Traversaient océans, forêts, marais, rivières
Que ce soit pour l'Orient ou de nouveaux quartiers.
Ils marchaient, des déserts jusqu'aux terres fertiles,
Et gravaient dans le roc leurs exploits audacieux.
Mais l'homme d'aujourd'hui, lâche, servile, envieux
Ne rêve plus que de l'air tiède des îles ;
Et ne vit sous les cieux - partout - multiplié :
Qu'à ses spectres virils horriblement lié !

Les conquérants
#1
Posté 04 mai 2013 - 01:01
- Yeos aime ceci
#2
Posté 04 mai 2013 - 08:23
HUMANITE ET TOURISME...
Ces onces de laideur qui plaquent les flambards,
De ces corps étrangers, j'abhorre les regards.
Leurs yeux sont des sous neufs que la froideur enchâsse.
De pudeurs échouées aux tempes suzeraines,
Ils jettent dans la mer l'insane convulsion,
Loin du champ des mémoires, une autre dimension.
La vulgarité nue rend les vagues humaines.
Ils toisent l'horizon, plastronnent dans le vent,
Piêtres statues de sel, ces hampes occupantes,
Aux carats qui offensent l'aube vascillante
En joute où le silence émousse un vieil argent.
Jadis comme les dunes, dos rond sans vacarme,
Orgueilleux à présent qui galvaudent les cieux,
Ils jonchent l'épopée d'insalubres adieux,
Leurs dechets, ces cadavres. Une histoire sans charme.
Doux rêveur insatiable parmi les vivants,
J'ose me rappeler qu'à leur souvenir tendre,
J'exalte une lueur au ramas de la cendre,
Ainsi que l'aparté dont il reste l'instant.
Dois-je ésperer encore en la douce empathie
Que l'on porte à ces lieux visités par le zèle,
Et je veux retenir ce commerce fidèle,
A l'idée que le coeur, pour les humbles, a choisie.
#3
Posté 04 mai 2013 - 09:37
Autrefois tribuns, goths, mamelouks, templiers
Ployaient sous leurs jougs plusieurs nations entières
Ou prenaient aux vaincus les postures altières
Quand le soir ils aillaient sous de vastes piliers.
Césars, vice-amiraux, fantassins, charretiers
Une épée à la main, ou quelques chevalières
Traversaient océans, forêts, marais, rivières
Que ce soit pour l'orient ou de nouveaux quartiers.
Ils allaient, des désert jusqu'aux terres fertiles,
Et gravaient dans le roc leurs exploits audacieux.
Mais l'homme d'aujourd'hui, lâche, servile, envieux
Ne rêve plus que de l'air tiède des îles ;
Et ne vit sous les cieux - partout - multiplié :
Qu'à ses spectres virils horriblement lié!
...mais/et j'y reviendrai...nous avons le même "feeling" concernant la même situation.
#4
Posté 04 mai 2013 - 09:55
@ itan :
etc.
@ yeos : le fond mais peut-être pas la forme ... quoique ...
#5
Posté 04 mai 2013 - 03:40
@ itan :
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etc.
@ yeos : le fond mais peut-être pas la forme ... quoique ...
Equarrir la parole, moi je dis la gageure,
Eponger tout le mou, dépecer un biceps...
De la farce et des tripes, au hachoir la fressure,
Ces crépines d'argent que boudine un forceps,
Sont trop roses bouquets posés sur un billot,
Et la fleur ou le fer marquent le non-dit
Des abats, des dentelles comme informe caillot
Sous la langue et le coeur. Cochon qui s'en dédit.
- Yeos aime ceci
#6
Posté 04 mai 2013 - 03:49
Je manifestait simplement la cyclothymie que m'inspirait ton écrit - trés agréable à lire au passage
J'ai aussi fait dans le style :
I
La Grande « Israël » – en de nobles dessins !
Vient corrompre l’Amour en souffrance et en haine
Puis sur nos oripeaux fleuris par la Géhenne
Débiter ses démons en de spécieux essaims !
Sur nos écrans, nos murs, les propos assassins
De quelques sociétés étalant leur gangrène
- Tel un banquier son or ou le lépreux sa peine ! -
Nous vantent chaque jour ses idéaux malsains …
Le rêve, trop souvent, nous séduit et nous ronge
Et nous voyons certains - abrutis par leur songe ! -
Venir s’agglutiner à ses sombres réseaux ;
Quand nombre d’entre nous, du fond des nuits sereines,
Partis gaiment répondre au charme des sirènes,
S’en vont rejoindre ceux qui hantent les vaisseaux.
II
Un triste enfer recrute à chacun de nos pas !
Un collègue, un voisin, des amis, ta famille,
(Ta propre mère – horreur ! – avec ceux-là fourmille ?)
Un convent de dévots peut guider ton trépas !
Ces Maudits – Sois-en sûr ! – savent bien les appâts
Travaillant notre cœur telle au blé la faucille …
Qui d’eux n’a trébuché – Non ? – devant l’Œil qui brille
Et ne vient partager l’identique repas ?
Jésus, déjà, partait monté sur une ânesse
Aux sons des « Hosannah !» et de la foule en liesse
Vers le Golgotha noir sur un pavé de fleurs !
Prend garde alors, ami, qu’au fond d’une ruelle
Ne s’approche de toi cette main fraternelle
Aimant vider le sang pour mieux boire les pleurs …
#7
Posté 04 mai 2013 - 06:25
Belle architecture
Je manifestait simplement la cyclothymie que m'inspirait ton écrit - trés agréable à lire au passage
J'ai aussi fait dans le style :
I
La Grande « Israël » – en de nobles dessins !
Vient corrompre l’Amour en souffrance et en haine
Puis sur nos oripeaux fleuris par la Géhenne
Débiter ses démons en de spécieux essaims !
Sur nos écrans, nos murs, les propos assassins
De quelques sociétés étalant leur gangrène
- Tel un banquier son or ou le lépreux sa peine ! -
Nous vantent chaque jour ses idéaux malsains …
Le rêve, trop souvent, nous séduit et nous ronge
Et nous voyons certains - abrutis par leur songe ! -
Venir s’agglutiner à ses sombres réseaux ;
Quand nombre d’entre nous, du fond des nuits sereines,
Partis gaiment répondre au charme des sirènes,
S’en vont rejoindre ceux qui hantent les vaisseaux.
II
Un triste enfer recrute à chacun de nos pas !
Un collègue, un voisin, des amis, ta famille,
(Ta propre mère – horreur ! – avec ceux-là fourmille ?)
Un convent de dévots peut guider ton trépas !
Ces Maudits – Sois-en sûr ! – savent bien les appâts
Travaillant notre cœur telle au blé la faucille …
Qui d’eux n’a trébuché – Non ? – devant l’Œil qui brille
Et ne vient partager l’identique repas ?
Jésus, déjà, partait monté sur une ânesse
Aux sons des « Hosannah !» et de la foule en liesse
Vers le Golgotha noir sur un pavé de fleurs !
Prend garde alors, ami, qu’au fond d’une ruelle
Ne s’approche de toi cette main fraternelle
Aimant vider le sang pour mieux boire les pleurs …
Belle architecture posée sur du chaos...
Vont les roides saisons sur des nattes d'or franc
Où flocons de soleil sont lamés et paillettes
Que prospecte un nabab, et ses mains grassouillettes
Aux dorures natives, ont plaqué le gel blanc.
L'opulence à ses yeux n'est pas gangue fortuite,
Une humaine irraison dont ce fou d'orpailleur,
Parmi tant de rugueux, lavandiers et hâleurs,
Fourbira, hors des corps, sang puis eau, les pépites.
Quand la berge affalée dans les herbes bien hautes
Cachera le fervent et ses gestes de trop,
Pardonnons qu'à ce temps revenu d'un galop,
Dans la marne du ciel, s'amenda l'argonaute...
#8
Posté 04 mai 2013 - 06:58
@ itan :
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etc.
@ yeos : le fond mais peut-être pas la forme ... quoique ...
Non, c'est vrai vous avez raison quant aux questions de style... c.a.d que pour moi, en poésie contemporaine, la rime on peut s'en passer ...en tout cas du côté des anglos, les plus réputés (prix Nobel et meilleurs forums y compris) s'en passent...toutefois quand on s'en sert bien , je sais et le reconnaître et l'apprécier - c'est le cas de votre poème "autrefois tyrans..."
#9
Posté 04 mai 2013 - 08:00
Tyrans ? Tous ? ...
Hélas, je ne m'intéresse guère à la poésie contemporaine - j'ai dessus les plus horribles a priori ...
#10
Posté 04 mai 2013 - 08:33
intéressant...votre choix me fait penser à l'attitude de Lord Byron face à la culture littéraire son temps.
N'empêche! il reste un jalon dans l'histoire de la poésie.
Mais il y a sûrement moyen de faire un tri...
j'aime bien le suédois Tomas Transtrommer et le syrien Adonis... entre autres, bien sûr.
#11
Posté 04 mai 2013 - 09:06
Vous dites Byron, étonnant en pensant au hasard vous soumettre Mars de M. tsvetaeva, je tombais sur ceci
A Byron
Je pense au matin de votre gloire,
Au matin de votre vie,
Quand démon vous vous êtes éveillé
Et Dieu pour les hommes.
Je pense à vos sourcils
Qui cerclent la flamme de vos yeux,
À la lave du sang ancien
Qui coule dans vos veines.
Je pense à vos doigts — si longs —
Dans vos cheveux bouclés
Et aux regards qui vous dévorent
Dans les salons et les allées.
Je pense à ces cœurs que, trop jeune,
Vous n'eûtes le temps de lire,
Tandis que des lunes jaillissaient
Et s'éteignaient pour votre gloire.
Je pense à ce salon obscur,
Au velours penché sur la dentelle,
À vous qui m'auriez dit vos vers
Et moi — les miens — pour vous.
Je pense encore à la poussière
Qui reste de vos lèvres et de vos yeux —
À tous ces yeux qui reposent morts...
À eux, à nous...
Je viens de feuilleter Adonis, le sujet semble récurrent ... A quoi bon écrire dessus ...
Dans le désert de la langue
L'écriture est une ombre
Où l'on s'y abrite.
Le plus beau tombeau pour un poète
C'est le vide de ses mots.
Peut-être que la lumière
T'induira en erreur
Si cela arrive
Ne craint rien, la faute est au soleil
NB : on peut voir en cela ce que l'on veut ...
#12
Posté 06 mai 2013 - 08:12
No 7,
Merci pour le poème de Tsvetaeva, j'y reviendrai.
Quant à Adonis, en connaissant un peu son parcours on peut dans une certaine mesure le déchiffrer...mais ce que j'aime en lui ce n 'est pas le leitmotiv de son oeuvre - vu qu'il a l'air d'être devenu athée- c'est sa manière d'utiliser ce que j'appellerai "les outils de la poésie".
#13
Posté 06 mai 2013 - 08:19
Rythme et figures de style ?
#14
Posté 06 mai 2013 - 09:59
Oui, entre autres... vu que ça dépend aussi de la langue... les anglophones par exemple ont très difficile à avaler toute inversion de ce qu'ils considèrent "l'ordre normale ,logique des mots" . Un exemple un peu simplette :
- " ...dès lors l' âme s'est débarrassée de ses chaînes", en français (idem pour ma langue maternelle, le portugais,) on pourrait aussi écrire: "dès lors de ses chaînes l'âme s'est débarrassée" mais en anglais ce type de manipulation serait plus difficilement acceptée...
Personnellement - ça vaut ce que ça vaut donc... - je ne suis pas contre une sorte de "maltraitance" de la grammaire et de la syntaxe courantes allant à l'encontre du raisonnement typiquement discursif qu'on utilise dans la vie courante...
#15
Posté 13 mai 2013 - 09:12
Très intéressant ..et ce qui est plus j'en profite pour enrichir un peu mon vocabulaire - Et je dis bien un peu - jusqu'à présent je ne suis pas convaincu de la pertinence d'un vocabulaire vaste en poésie (mais vu que j'écris toujours ma 1ère version d'abord dans ma langue maternelle, saurai-je en profiter...?).
Equarrir la parole, moi je dis la gageure,
Eponger tout le mou, dépecer un biceps...
De la farce et des tripes, au hachoir la fressure,
Ces crépines d'argent que boudine un forceps,Sont trop roses bouquets posés sur un billot,
Et la fleur ou le fer marquent le non-dit
Des abats, des dentelles comme informe caillot
Sous la langue et le coeur. Cochon qui s'en dédit.