"La Saveur Amère Des Refrains"
Suis-je le fou dansant sur l'arc d'un ciel pourprin
Mimant le deuil exquis d'anonymes guerriers?
La mitraille remplit tant d'immondes charniers
En moires et au jais de chapelets chagrin!
Les portes de l'enfer sont du plus bel airain
Au pied du couperet, crépuscule des dieux.
Le vent a murmuré ses ultimes adieux...
Voici venu le temps de l'obscur souverain.
Entends-tu battre au loin les tambours du désir
Ravissant à nos champs un souffle inachevé?
Conquêtes et chansons, en un hymne rêvé,
Fleurissent des tombeaux que l'on peine à ouvrir.
Sens-tu les appelés frissonner de sueur
Quand sifflent en torrents les javelots zélés?
Le mets indélicat, tripes et sang mêlés,
Fume comme un espoir en quête de lueur.
Sauras-tu voir assez cet instant d'agonie
Cherchant, vain, du regard, une miséricorde...
Accordée au pendu qui choisira sa corde?
Le partage des pleurs est sans parcimonie.
Le cri de l'écorché taira-t-il ta douleur
Quand sa raison confuse effleurera le lierre
Au mur des condamnés à adorer la pierre?
Le sens en est saisi de muette stupeur.
As-tu goûté le prix qu'une vaine arrogance
Déverse à profusion sur un compte courant?
Aux vagues de l'espoir, outrage délirant,
Les fanfares d'oubli offrent une romance.