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Le silence du souffle


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Posté 04 septembre 2012 - 09:11

mario-251x300.jpgMario Benedetti, Le silence du souffle

par Jean-Charles Vegliante

Le prochain livre de poèmes de Mario Benedetti, à paraître en 2013 chez Mondadori, confirme la maîtrise et lâoriginalité de cette voix dans lâensemble du monde littéraire italien. Une qualité rare de Benedetti est, dans le lyrisme comme dans la réflexion sur son propre arrière-pays poétique (Matériaux dâune identité, 2010), son refus du bavardage, sa discrétion, non pas solitaire mais toujours prête à la rencontre (ses textes sont parfois mis en musique), accueillante pour les plus jeunes, en un temps difficile où il vaut mieux multiplier les occasions de paraître et dâintervenir médiatiquement sur des sujets divers bien en accord avec lâhabileté éclectique de certains polygraphes de la doxa pré- et post-berlusconienne (fort bien accueillis en France). À lâinverse le silence, la simplicité déroutante du vocabulaire, lâinclusion du parlé et des raccourcis méditatifs, quelquefois la légère inflexion régionale (voir plus bas la fin de « Quâest-ce que je dois regarder⦠»), et la présence constante dâun(e) autre, dâun interlocuteur â ici la mère morte â, seraient des caractéristiques de cette écriture capable de concilier secret et plain chant, introspection et dialogue, que cet échange soit particulier ou grand ouvert aux courants contradictoires dont est traversé notre monde occidental. Y compris à lâoralité du slam et des messages électroniques, comme greffés sur la mémoire rémanente, forcément douloureuse, de la culture personnelle, intime, familiale et collective (le film dâAntonioni, Femmes entre elles dans le quatrième texte). Il y a surtout, dans cette voix retenue, parfois au bord du laconisme â comme dans son précédent recueil Peintures noires sur papier (présenté ici même en 2010) â, lâacceptation tranquille de la dimension dâun souci éthique, et surtout de son pendant du pathos, vu trop souvent comme grandiloquence alors quâil peut, ici en tout cas, nâêtre quâune simple manière dâactiver la communication littéraire, à savoir, pour tous, la composante dialogique et transitive dâune poésie lyrique non sentimentale (Rimbaud aurait dit : non subjective), encore praticable dans la cité. Précieuse parcimonie, en ces époques dâincontinence.

Lire « Madre » sur le site du Nouveau recueil, dans une traduction de Jean-Charles Vegliante.


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