Dépendance
La dépendance s'élance dans un murmure
et sur les murs plante ses morsures
Elle vise d'un croc vicié de vapeurs
le cou des corps trempés de sueurs
L'hémoglobine, elle se manifeste
comme les poux sucent les têtes
Son timbre poste des ondes sonores
et trouble ce manque qui parle fort
D'une grosse caisse, la dépendance est le bruit
qui bat la mesure, rapide des cœurs de nuit
d'une baguettes aux paillettes tremblant
sur les éclaboussures de feu le sang
Le tournevis, lui, plante sa pointe acide
comme une héroïne translucide
ronge à coups d'aiguille les toxicomanes
et ôtent à leurs veines des feintes mélomanes
Éclatés comme les bris d'un miroir
les globules se perdent dans les couloirs
d'une dépendance qui les cisaille
Car là brunissent leurs entrailles
Les muscles, à vide, sont pris en étau
Mis en bière après s'être empoisonnés
Les pinces prisonnières tel les tourteaux
crus, tassés sur l'étal des condamnés
Le chronomètre ravageur mesure
le court répit offert aux blessures
quand au bout de quelques heures
la sobriété n'est plus qu'horreur
Tableau fragile ajouré de griffures
Demoiselle chancelante sous les murs
Acrobate qui en plein air craque
et font sur le verre comme une flaque
Une marre de vin vermeille dévoile
l'aveu nu d'un sommeil sans toile
et fait des bouteilles ses obligées
que des menottes ouvertes vont saigner