Tapis roulant
Tu cours et subitement, tu accélères
comme d'autres sortent leurs revolvers
Dans les côtes, tu lèves la pointe des pieds
comme d'autres dansent sous un ciel étoilé
En forme, tu files le long du torrent
le pas happé par un tapis persan
Foulant aux pieds cette furtive flamme
que tu laisses partir sans état d'âme
Elle, loin, partie sur un vrai tapis roulant
immobile, mis à part ses cheveux bruns
prison d'épis dans les tourbillons du vent
sur les cendres de tes yeux sans faim
Tu augmentas la taille de ta foulée
pour combler les écarts horripilants
les crevasses nées de silence inopinés
comblés d'un retour tambour battant
Mais l'escalier continuait d'avancer
Elle, ne bougeait pas, pareil aux statues
qui nous laisse froid, même dévêtues
Alors, tes pieds ont fini par remplacer
Les mots d'un amuseur simplement ému
par le silence d'un coureur déçu
qui aperçoit encore le tapis roulant
désormais vide et gris de ce corps absent