Blue Jasmine de Woody Allen
par Jacques Sicard
Les mécomptes de la vie se traduisent dans la classe moyenne supérieure par des traumas qui évoluent névroses. Le langage tragique en est le symptôme. Il en est également l’exutoire. Pour la bonne raison que converties en théâtre atride les névroses se changent en autant d’issues, qui se négocient en autant de droits d’auteur. Aussi faux que puisse être un jasmin bleu, il conserve là sa valeur, y compris symbolique. Valeur symbolique accaparée, elle aussi. Si consentante au demeurant. Accaparement qui va loin puisque une privilégiée momentanément déclassée peut se payer le luxe d’arborer l’Åil exorbité d’un âne de bât, celui de l’âne Balthazar.
Dans la classe prolétarisée, les mêmes mécomptes font l’objet d’une négociation intérieure. Parfaitement invisible, au rythme enlevé, parce que salie de honte, elle aboutit à un arrangement ou plus précisément à un contrat, qui est un marché de dupe conscient : on fait comme si rien ne s’était passé. Que résume la sentence : À semer la tempête, on récolte la sagesse. C’est pourquoi, aussi vrai que puisse être un amour, il semble toujours là le fruit de l’impensable. Jamais il n’atteindra à la crudité sensuelle propre à cracher sur la gueule d’un jasmin bleu. Quelque chose d’irréparable s’est produit, une défaite serve, hier l’appelait Collaboration.
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