Richesses d'Afrique
au sang mêlées
croyances magiques
et vies volées
or jaune ou noir
mines de diamants
vastes mouroirs
guerres et tourments
charniers ouverts
colines de morts
paysages verts
rougis à tort
la terre est rouge
par trop de crimes,
plus rien ne bouge
quand la peur rime
des réfugiers
d'éffroi vêtus
peuples moitiés
que l'on a tu
des clandestins,
des crève-la-faims,
crachent un destin
saignant sans fin
leurs coprs pliées
au ciel résonnent
leurs vies pillées
demeurent aphones
des sans maisons
debouts, bancals
voient l'horizon
trop vertical
révolutions
interessées,
exploitations
et trépassés
enfants soldats
et génocides
sous les mandats
d'Etats perfides
quand les blessures
dûes aux barbares
servent l'azur
d'autres étandards
les armes blanches
et les manchettes
sont loin des tranches
des livres Hachette
...
Mes vers dériment
trop d'images sales
que des cadavres
fleuves supliciés
les hommes n'entendent
plus l'eau couler
les champs vidés
s'accrochent aux arbres
plus de griots
auprès des âmes
exils forcés
déshumanisme
et perdition
au bord des routes
les fauves ont peur
au fond des jungles
de tous ces hommes
qui se déciment
les animaux
sont des sauvages
mais eux ne tuent
que pour manger
J'ai vu les yeux
aux lueurs froides
d'anciens stoïques
génocidaires
pupilles figées
bien loin des cieux
l'oeil impassible
autour d'un feu
Ils survivront
sans condition
et chasseront
toutes les questions.
Familles éparses
villages brûlés
que deviendront
tous ces damnés:
Les gosses guerriers,
regards éteints,
conditionnés
et flingue au poing?
Les femmes violés,
les hommes sans mains,
les chairs en feu
pour quel demain?
« De quoi tu parles
jeune toubab?
Les blancs qui savent
ne sont pas clairs...
Traffiquants d'armes,
vils mercenaires,
fiers exploitants,
colons complices,
ou politiques
aux ficelles longues,
vous exportez
vers les villes riches
et consommez
sans vous lasser
l'âpre labeurs
de ces esclaves !»