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Capitales modernes


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2 réponses à ce sujet

#1 La Poéthique

La Poéthique

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  • PipPip
  • 14 messages

Posté 25 octobre 2007 - 01:44

Capitales modernes

Il est des villes où les plus hauts buildings
sont des tours de verre dressées
parfois doubles ou triples
plus noires que l'obscurité des nuits
si bien que même lorsque le jour s'éteind
leurs arrètes rectilignes sont encore visibles.

Aux sommets pointent des antennes,
dotées de lueurs rouges,
comme pour prolonger,
vers des ailleurs hégémoniques et cosmiques,
les plus hautes enseignes du monde
où les noms de groupes d'affairistes
s'écrivent ici en lettres de néons.

Il est des villes
où les immeubles se font face
pour que leurs fenêtres en lignes
donnent vue sur d'autres
et encore d'autres,
et encore d'autres,
comme une mise en abîme grise
qui selon les étages et la disposition des bâtiments
semble se répéter à l'infini.

Au pied de toutes ces constructions
bordées de trottoirs, oubliés par ceux qui les surplombent,
des routes et des ponts se fraient ici un chemin
qu'empruntent, inlassablement, des miriades de véhicules
semblables à des colonnes de fourmies nerveuses
aussi pressées que disciplinées
pendant que d'autres dorment
bien rangées, sur les cotés.

Des artères et des voies plus minces sillonnent les mégalopoles
comme le faisaient d'antant les ruisseaux et les fleuves
auprès de vallons chez qui les reliefs sont désormais éffacés.

Là où l'habitat est le plus dense
beaucoup de gens sont à la rue,
et à défaut de leur faire une place,
ces tours savent bien leur faire de l'ombre.

Beaucoup de gens sont à la rue
parce que la rue, et la ville toute entière,
de plus en plus souvent
aiment à avoir le dessus sur la vie.

S'il n'y en avait pas, partout, de ces rues et de ces villes,
on dirait des mêmes pauvres,
avec l'accent des bourgades d'autrefois,
qu'ils sont juste à la belle étoile.
Mais, par ici, on ne voit guère les étoiles.
...

En quelques endroits de ces villes
pourtant,
des êtres s'enlacent et se prennent,
bien que le béton et les pierres partout aient reconqui leur territoir,
recouvert les sols meubles par des couches d'asphalte
et transformé les lieux de vie en sanctuaires
où l'illusion d'emprise sur le réel
domine et s'étale à perte de vue
à l'aide de miroires et d'éléctricité vivement complices
pour que toutes les âmes actives
qui s'en vont chaque jours
s'ateler à leurs tâches
de plus en plus souvent se perdent.

Ici, la nature ne vaut que morte,
les quelques arbres tolérés sont prisonniers du bitume
et enserrés de cages de fer,
il n'y a plus de bois

et même les charpentes
sont des poutres de fonte.

Si Jesus devait re-mourir demain
il serait sans doute accroché à une croix métalique
avec du barbelé à la place des épines.
...

Il en a fallu des monts rasés et des carrières creusées,
des matèriaux déportés,
des grues et des chantiers échaffaudés,
des ouvriers pour porter, assembler, fabriquer,
et parfois sans être payés...

Dans le futur de ces villes on construira plus haut,
et par dessus ce qui est déjà bati.
Après le rapprochement des murs,
pour combler les rares vides et optimisier les espaces,
les toits des immeubles d'aujourd'hui
seront les bases nouvelles des étages de demain
et les enfants ne sauront plus ce qu'est la terre
et les enfants ne sauront plus ce qu'est la terre.
...

Pourtant,
ici,
des êtres s'enlacent et se prennent
parce que le ciel,
parce que le ciel.

Des êtres s'enlacent et se serrent
parce que le ciel est
parce que le ciel est toujours au dessus d'eux.

Des êtres s'enlaceront et s'aimeront
tant que le ciel sera au dessus d'eux

Des êtres s'enlaceront et s'aimeront
tant que le ciel sera
tant que le ciel sera bleu.


La Poéthique - Janvier 2007



#2 CELUI QUI SAIT

CELUI QUI SAIT

    Tlpsien +++

  • Membre
  • PipPipPipPip
  • 2 297 messages

Posté 25 octobre 2007 - 05:41

Jésus est crucifié chaque jour,
Ressuscitant que par l'Amour,
De doux baisers qui lui siéront,
Mieux que les épines sur son front.

Amitiés.

#3 F?lice

F?lice

    Tlpsien +++

  • Membre
  • PipPipPipPip
  • 1 078 messages

Posté 25 octobre 2007 - 08:59

Capitales modernes

<div align="center"> Il est des villes où les plus hauts buildings
sont des tours de verre dressées
parfois doubles ou triples
plus noires que l'obscurité des nuits
si bien que même lorsque le jour s'éteind
leurs arrètes rectilignes sont encore visibles.

Aux sommets pointent des antennes,
dotées de lueurs rouges,
comme pour prolonger,
vers des ailleurs hégémoniques et cosmiques,
les plus hautes enseignes du monde
où les noms de groupes d'affairistes
s'écrivent ici en lettres de néons.

Il est des villes
où les immeubles se font face
pour que leurs fenêtres en lignes
donnent vue sur d'autres
et encore d'autres,
et encore d'autres,
comme une mise en abîme grise
qui selon les étages et la disposition des bâtiments
semble se répéter à l'infini.

Au pied de toutes ces constructions
bordées de trottoirs, oubliés par ceux qui les surplombent,
des routes et des ponts se fraient ici un chemin
qu'empruntent, inlassablement, des miriades de véhicules
semblables à des colonnes de fourmies nerveuses
aussi pressées que disciplinées
pendant que d'autres dorment
bien rangées, sur les cotés.

Des artères et des voies plus minces sillonnent les mégalopoles
comme le faisaient d'antant les ruisseaux et les fleuves
auprès de vallons chez qui les reliefs sont désormais éffacés.

Là où l'habitat est le plus dense
beaucoup de gens sont à la rue,
et à défaut de leur faire une place,
ces tours savent bien leur faire de l'ombre.

Beaucoup de gens sont à la rue
parce que la rue, et la ville toute entière,
de plus en plus souvent
aiment à avoir le dessus sur la vie.

S'il n'y en avait pas, partout, de ces rues et de ces villes,
on dirait des mêmes pauvres,
avec l'accent des bourgades d'autrefois,
qu'ils sont juste à la belle étoile.
Mais, par ici, on ne voit guère les étoiles.
...

En quelques endroits de ces villes
pourtant,
des êtres s'enlacent et se prennent,
bien que le béton et les pierres partout aient reconqui leur territoir,
recouvert les sols meubles par des couches d'asphalte
et transformé les lieux de vie en sanctuaires
où l'illusion d'emprise sur le réel
domine et s'étale à perte de vue
à l'aide de miroires et d'éléctricité vivement complices
pour que toutes les âmes actives
qui s'en vont chaque jours
s'ateler à leurs tâches
de plus en plus souvent se perdent.

Ici, la nature ne vaut que morte,
les quelques arbres tolérés sont prisonniers du bitume
et enserrés de cages de fer,
il n'y a plus de bois

et même les charpentes
sont des poutres de fonte.

Si Jesus devait re-mourir demain
il serait sans doute accroché à une croix métalique
avec du barbelé à la place des épines.
...

Il en a fallu des monts rasés et des carrières creusées,
des matèriaux déportés,
des grues et des chantiers échaffaudés,
des ouvriers pour porter, assembler, fabriquer,
et parfois sans être payés...

Dans le futur de ces villes on construira plus haut,
et par dessus ce qui est déjà bati.
Après le rapprochement des murs,
pour combler les rares vides et optimisier les espaces,
les toits des immeubles d'aujourd'hui
seront les bases nouvelles des étages de demain
et les enfants ne sauront plus ce qu'est la terre
et les enfants ne sauront plus ce qu'est la terre.
...

Pourtant,
ici,
des êtres s'enlacent et se prennent
parce que le ciel,
parce que le ciel.

Des êtres s'enlacent et se serrent
parce que le ciel est
parce que le ciel est toujours au dessus d'eux.

Des êtres s'enlaceront et s'aimeront
tant que le ciel sera au dessus d'eux

Des êtres s'enlaceront et s'aimeront
tant que le ciel sera
tant que le ciel sera bleu.


La Poéthique - Janvier 2007

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Hum... je ne sais que dire. J'ai pris plaisir à lire... mais je suis mal à l'aise quand même. Sur la forme peut-être. Je veux dire... autant le faire en prose. C'est un edito, une chronique. Ca ne me semble pas fait pour s'envoler, c'est un bloc qui doit se poser là pour être assumé par le lecteur.

Du coup... la première double "les enfants ne sauront plus"... est vraiment hyper. Pour l'écho et le sens qui suinte. Mais la suite... la tentative rêveuse vers l'avenir, le futur doublé et le "tant que", finalement, leste le texte.

Et puis il y a cette frontière floue entre écologie, BD et tristesse... je le dis comme je le sens à chaud, hein. j'ai ressenti un mélange de Bilal, Hulot et the fool on the hill... tu vois. Des univers un peu trop différents qui ont besoin d'espaces uniques.

Enfin voilà en vrac.

Jaguar.