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[note de lecture] Cédric Le Penven, "Sur un poème de Thierry Metz", par Sylvie Durbec


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Posté 14 mai 2014 - 09:15

 
6a00d8345238fe69e201a3fd085b93970b-200wiCertains livres, quand on les reçoit, vous émeuvent comme si vous touchiez un tissu très doux, un peu de neige ou une main amie. 
Vous restez là, à les regarder un moment avant de les ouvrir. 
 
Le titre, sang sur la neige de papier. 
Les noms du poète et de lâartiste. 
Encre noire des mots. 
 
Et tout en bas, deux initiales. J.B. 
 
Jâai emporté ce livre avec moi comme on emporte un secret. Le nom de Thierry Metz brûlait la couverture et jâavais hâte de lire les poèmes de Cédric Le Penven, écrits en écho. 
 
Le livre sâouvre et les encres de Jean Gilles Badaire éclairent le regard du lecteur. Mais aussi sa main. Câest elle qui tient le livre. Travail de lâartiste et de lâéditeur mis au service des poètes. Car ici ils sont deux poètes. Sur la couverture leurs noms se rejoignent. A lâintérieur, leurs poèmes. 
 
Le livre ouvert, nous découvrons le premier mot, celui qui relie la main et le regard, premier mot du poème de Thierry Metz, imprimé ici à lâencre rouge, et ce mot appelle à la lecture comme il a appelé à lâécriture Cédric Le Penven. 
 
« manÅuvre 
homme qui va revenir » 
 
a écrit T.M. au début de son poème et câest ce mot de manÅuvre que Cédric Le Penven a choisi, en le reprenant dès lâouverture, comme il va reprendre au long des poèmes dâautres mots du texte initial,  chambre, moraine, dormeur ou encore élagueur. 
 
Le mot manÅuvre est un mot humble comme le travailleur quâil désigne dont Larousse nous dit quâil est à la base de la hiérarchie des salaires. Le mot vient du bas latin manuopera et signifiait alors corvée. Il ouvre le recueil et nous conduit à lâintérieur même du poème, celui de T.Metz et celui de Le Penven, et rattache les deux écritures, à la fois au monde du travail et à celui de la poésie. Aux lecteurs de Metz, il rappelle le Journal dâun manÅuvre, publié en 1990 aux éditions Gallimard. 
 
Le temps dâun livre, dit Le Penven, lecteur et poète auront suivi le manÅuvre de mot en mot, cet « homme qui va revenir » et qui laisse derrière lui  une soif lancinante et cette douleur inscrite dans le chemin de celui qui avance. Si les mots sont ceux du travail, on trouve aussi ceux qui ouvrent un espace entre, entre rouilles cadavres de chats de bouteilles(â¦) mais également entre les pronoms (nous, on, je et tu). Se dessine alors lâombre du manÅuvre-élagueur, son emprise bienveillante, figure mouvante du poète à laquelle Cédric Le Penven rend hommage.  
Il était juste que le dernier poème du recueil revienne vers ce mot de manÅuvre et que Le Penven remercie Thierry Metz dâavoir ouvert le lieu où partager la joie dâêtre parvenus jusque là : 
 
ManÅuvre 
 
pour tes gestes précis autour de la table 
pour ta bouche restée close pendant les bavardages 
(â¦) 
Pour les derniers jours dâoctobre 
pour la colère juste 
pour la peur de mourir 
 
je te dis 
merci 
 
[Sylvie Durbec] 
 
Cédric Le Penven, Sur un poème de Thierry Metz, encres de Jean Gilles Badaire Jacques Brémond éditeur.

 

577U9-MFNDY

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