PUTAIN DE GUERRE
Je me redresse devant ce parterre d'âmes damnées,
mon corps est pétri de douleurs et je me sens épuisé.
Encore des amis, des compagnons que j'ai perdus,
je cherche l'espoir au milieu de cette étendue.
Pourquoi suis je encore vivant dans ce funeste monde,
mon destin est-il d'échapper à cette journée moribonde?
J'ai un profond sentiment d'injustice devant ce triste spectacle
d'un jardin merveilleux où la faucheuse encore renâcle :
elle vient chercher de sa ferme main squelettique
ces hommes qui sont tombés dans un but idéologique.
Réjouissons nous, cette journée est une grande victoire,
nos ennemis en ce jour ont connu les pires déboires,
nous sommes les vainqueurs au nombre de corps massacrés
pour un but pour lequel nos coeurs se sont tous arrêtés.
Notre humanité soit disant partagée devient soudain humiliée
faisant de nous, les survivants, des êtres à jamais cassés.
L'odeur métallique du sang et des armes nous collent à la peau,
mes doigts poisseux du rouge de mes ennemis m'écoeure à nouveau.
Combien ai-je enlevé la vie à des hommes inconnus ?
Combien ai-je condamné d'enfants à une vie avec un père perdu?
Les sanglots longs des promus à la vie éternelle
raisonnent dans ma tête et toujours la martèle.
Je ne puis supporter plus ces moments de douleurs insensés,
mon esprit enfin refuse d'ignorer la sinistre vérité :
fini tous ces discours vindicatifs qui vers l'inconnu nous entraînent,
je veux enfin laisser derrière moi tous ces moments de haine
qui me rappelle que de la Mort je suis le plus fervent
et que finalement je reste un de ses plus fidèles lieutenants.
Je cours, je cours droit devant ignorant les ordres qui fusent
je lâche mon arme, mon esprit s'ouvre et plus rien ne m'abuse ;
des cris hurlant à la désertion arrivent à mes oreilles,
je sais que mon temps est compté et cela me réveille.
J'accélère encore plus galopant comme un cheval sauvage
vers le point de non retour où je ne serais plus otage.
Ma liberté est à portée de mes mains écarlates,
l'espoir d'oublier cette guerre me donne plus de hâte.
Plus que quelques secondes encore à me surpasser,
le souvenir de l'horreur vécue appartiendra bientôt au passé.
Un bruit sourd et lointain signale que déjà arrive la Mort,
la froidure du métal perçant me rentre dans le corps,
je tombe à genoux acceptant malgré moi la défaite ultime,
en aucun cas la Dame Noire ne se montre magnanime.
La douleur est intense mais pourtant me soulage.
À cet homme qui a tiré, je rends finalement hommage,
il croit me punir en m'ôtant ce qu'il me reste de vie,
je sais qu'il me dégage d'un fardeau que personne ne m'envie.
À celle que j'ai vu en ce jour faire son oeuvre morbide,
je tends ma main pour me libérer de cette journée stupide.
Pour des idéaux qui seront un jour sans doute abandonnés,
cette putain de guerre a fait de nous ses prisonniers.

Putain de Guerre
Débuté par alanthyr, nov. 09 2007 08:17
1 réponse à ce sujet
#1
Posté 09 novembre 2007 - 08:17
#2
Posté 09 novembre 2007 - 08:33
Salut à tous et toutes,
voici donc les quelques bafouilles que j'ai essayé d'écrire. Sur le conseil d'une jeune femme qui se reconnaitra sans doute, je viens les partager avec vous. En espérant vous apporter un soupçon de bonheur, j'attends avec impatience vos commentaires.
Alanthyr
Ce texte m'a été inspiré par un souvenir d'un affiche des années 80 où l'on voit un soldat tomber au sol, et avec le commentaire suivant : "Why ?"
voici donc les quelques bafouilles que j'ai essayé d'écrire. Sur le conseil d'une jeune femme qui se reconnaitra sans doute, je viens les partager avec vous. En espérant vous apporter un soupçon de bonheur, j'attends avec impatience vos commentaires.
Alanthyr
Ce texte m'a été inspiré par un souvenir d'un affiche des années 80 où l'on voit un soldat tomber au sol, et avec le commentaire suivant : "Why ?"