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Crimes crapuleux (Acte III)


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#1 grandvent

grandvent

    Tlpsien ++

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Posté 10 novembre 2007 - 09:26

Là ! C’était quand j’avais 25 ans
Les cheveux châtains coiffés à la James Dean
La mode patte d’éléphant,
Les soirées dans les bals dansant.

Là ! J’avais un peu poussé
Trente ans exactement
C’était le jour ou j’avais connu Bébé,
Nous étions encore amants.

Celle là ! C’était le jour de mon mariage
Il y avait un grand tapage
Je me rappelle encore que ce jour lĂ 
Ma femme et moi avions pleuré de joie
Jusqu’à émouvoir le curé
Et tous les invités

La chine avec sa muraille et ses dragons
L’inde et ses merveilles magiques
L’Égypte avec ses pyramides et ses pharaons
La Grèce pays magnifique

Venise avec sa tour de pise et le pont des soupirs
Toutes ces merveilles qui remontent Ă  des temps lointains
Et qui ont quelque chose en commun
C’était Bébé qui me les avait fait découvrir

Ils faisaient partie de sa vie
Car elle était versée dans l’archéologie
Et moi dans la chimie

Là ! C’était l’anniversaire de notre mariage
Déjà quinze années de vie commune sans dérapage
Bébé ressentait dans de pareilles occasions
L’absence d’enfants qu’elle souhaitait ardemment

Celle là ! C’était le jour de l’enterrement
Bébé avait cinquante cinq ans j’avais soixante ans
Je me sentais perdu, à la vie je n’avais plus de goût
Pendant cinq années j’avais vécu comme un fou

Ca ! C’est Françoise le jour où dans ma vie elle entra
Je l’avais connu à Fort de l’eau dans le cabaret Santa Monica
A ses heures pleines elle était serveuse,
Et Ă  ses heures creuses elle devenait danseuse

Dés que je l’avais vu je m’en suis amouraché
Parce qu’elle ressemblait étrangement à bébé
Petit à petit on a lié connaissance
Elle m’avait redonné goût à la vie
Jusqu’à ne plus supporter son absence
Tellement d’elle j’avais follement envie

Là ! C’était lorsque je l’avais demandé en mariage
Après lui avoir raconté tout mon passé
J’avais soixante cinq ans et elle la moitié
Elle accepta sans ambages

Là ! C’est Françoise à la tour Eiffel
De plus en plus belle
Toujours Françoise
Tachée de glace à la framboise.

Encore Françoise et moi sur la plage
Fêtant notre première année de mariage
Ce jour là ! Je lui avais cédé mon héritage

Celui là ! C’est Henri de la paillette
Un soit disant poète
Il était son amant
Avant notre union

Ici ! C’est moi imitant le bourricot
Avec Françoise sur mon dos
Encore moi imitant le chien
Pour avoir droit à des câlins

Toujours moi ! Complètement nu, sur le sol assis
Ce jour là par Françoise j’ai été puni
Pour avoir utiliser un langage qui m’était interdit
Celui de l’avoir invité dans mon lit

Il referma son album photo
En versant de chaudes larmes
Ses seules inoffensives armes.
Et cria assez haut.

Vois-tu ce que je deviens Bébé
Pourquoi de sitôt m’as-tu quitté
Pour que je sois ainsi malmené

Par cette maudite ogresse.
Sous l’apparence d’une déesse
Qui a souillé ma dignité avec allégresse.

Car il ne pouvait plus supporter cette vie
Enfermé dans la maison comme un minable
Totalement soumis Ă  ses caprices et ses folies
De plus en plus insupportables.

Vivement que tombe la nuit s’est-il dit
Car moi aussi Aujourd’hui,
Une décision importante j’ai pris.
Moi aussi je te ferais une bise
Qui te fera une amère surprise.

Pour m’avoir traité de pépé sous prétextes que je suis âgé.
Tout en me disant que vouloir aimer
Une femme plus jeune, c’était un pêché
Que je devais payer cher
En gouttant le calvaire
De ma chair.

Oui ! Une surprise aussi pour ce prétendu poète
Qui à chaque fois d'imbécile me traite.
Oh ! Oui ! Cette nuit je serai libre comme le vent
Cela fait longtemps que j’attends ce moment.

Il ouvrit la radio Ă  fond
Et s’est mis à danser au rythme de son sang bouillonnant
Accompagné d’une belle chanson d’antan.

La sonnerie de la porte annonçant l’arrivée de Françoise
L’obligea à éteindre la radio assez vite
En allant ouvrir la porte de suite
Jusqu’à briser sur son passage un vase.

Tu as mis du temps pour ouvrir
T’es-tu oublié pendant mon absence
Avec tes souvenirs
Qui ne font que te porter nuisance

Non, pas du tout, ma chérie, j’étais occupé
A préparer avec grand soin le dîner.

Et pourquoi la radio Ă  fond

Je vérifiais le réglage du son
Pour être sûr qu’il était bon.

Et pourquoi le vase est-il fissuré

En l’essuyant avec maladresse il est tombé
De mes mains Je suis vraiment désolé

Heureusement pour toi que je sois de bonne humeur
Sinon je t’aurais corrigé sur l’heure.
J’espère que la tranche de veau rôti
Sera appréciée par mon invité
Lequel d’ailleurs ne saura tarder
A nous rejoindre pour nous tenir compagnie.

C’est toujours ce jeune poète ?

C’est toujours Henri de la paillette.

Vous allez veiller jusqu’au matin ?

Avec Henri de la paillette on ne connaît pas la fin
Il vous transporte dans des horizons lointains
Avec de si belles phrases
Pleines d’extases

Jusqu’à vous donner l’envie
De ne jurer que par lui.
Et c’est ce que je ressens toujours
Surtout quand il évoque les poèmes d’amour.

Dans tous les cas, cela m’embête

C’est pourquoi t’as intérêt à ne pas lui tenir tête
Avec tes commentaires bĂŞtes.

Je préfère rejoindre mon coin.

Cela est certain.

La sonnerie de la porte retentit Ă  nouveau
Françoise toute contente courut accueillir son invité
C’était Henry de la paillette, jeune homme élancé et beau
Tenant dans sa main une rose comme cadeau

Après lui avoir fait une bise il salua Frédéric
Et tout en sifflotant un air de musique
Il s’installa dans la salle à manger
Il n’y a pas de quoi s’étonner c’est un habitué.

Une fois qu’ils ont mangé de bon appétit
Henry de la paillette félicita Frédéric pour ce veau rôti
Tout en rejoignant le salon dont la table était garnit
De toutes sortes de liqueurs et de petits mets
Présage d’une longue veillée

Alors mon cher Henry
J’espère que cette nuit
Tu me donneras l’envie
D’apprécier ta poésie

Sois certaine Françoise que je ne te décevrais pas
Je te lirais avec une douce voix
Mon nouveau poème
Intitulé je t’aime
Conçu rien que pour toi

VoilĂ  une nouvelle qui me rassure
Et pour joindre l’utile à l’agréable
De ce pas je vais mettre une tenue sur mesure
Pour que je paraisse adorable

Pendant qu’elle se préparait
Frédéric sur le comptoir bar accoudé
Faisait mine d’être indifférent
En fredonnant une vieille chanson
C’était le meilleur moyen de se contenir
Pour éviter de vomir

Henry de la paillette, qui éprouve une grande haine
Pour Frédéric qui lui est une gêne
Faisait semblant de relire son poème

Françoise réapparut avec une tenue extravagante
Elle portait une chemise de nuit transparente
D’un rouge vif excitant qui laisse apparaître
Sans faire trop paraître

Des seins bien replets
Enfouis dans un soutien gorge bien serré
Ainsi que sa culotte noir corbeau
Cachant son sexe bien entretenu au chaud

Un mariage de couleur bien étudié
Pour valoriser son corps bien enveloppé
Avec des cheveux longs défaits pour l’occasion
Signes avant coureur d’une passion
Enviée et inassouvie depuis longtemps
Que jalouserait même le démon

WAO! S’écria Henry
Tu es pareille à celle que j’ai décrit
Dans mon poème à croire que tu domines mon esprit

Détrompes toi Henry,rien n’est encore dit.

La lumière des veilleuses
Une musique douce et rĂŞveuse
Sont là, mon cher Henry, ma dernière retouche
Pour que je fasse mouche.

A chaque soirée le décor est différent
Franchement tu me surprends !

WAO! C’est magnifique je dirais même féerique
N’est ce pas Frédéric
(Tout en se disant intérieurement
Pauvre con, admires pour la dernière fois
Celle qui demain sera Ă  moi
Avant de passer cette nuit à trépas)

Oui c’est tellement beau
Que je ne trouve pas les mots
(Tout en se disant Intérieurement
Bien heureux le tombeau
Qui va accueillir bientĂ´t
Ces tourtereaux)

Chacun avait prémédité pour cette nuit son coup
Car il fallait bien qu’il y soit une occasion
Et l’anniversaire de Françoise en est la raison
La mort allait ĂŞtre bel et bien au rendez-vous

Françoise allongée sur le canapé, sentait fort la rose
A chaque fois qu’Henry lisait une prose
En faisant retentir de temps Ă  autre des soupirs
Qui se voulaient êtres un désir

Frédéric faisait semblant de somnoler
Il donnait même l’impression de ronfler
Manière de faire dire qu’il dérangeait

Il n’avait pas envie
Que Françoise souffle ses 35 bougies
Juste Ă  minuit

Il voulait que son anniversaire
Soit fêté en enfer
En compagnie de Lucifer
Bien avant cette heure

Il vérifia sa montre, 22 heures exactement.
Il s’est dit qu’il était temps qu’ils mangent son chocolat
Qu’il avait bourré d’un doux poison
Pour être sûr qu’ils souffriront avant de passer à trépas

Alors sans se gĂŞner, il se leva
Et à Françoise s’adressa
Ma chérie j’aurai bien souhaité avec vous veiller
Pour ne pas vous quitter comme à l’accoutumé

Malheureusement aujourd’hui je me sens las
Ronfleur en plus comme un chat
Je risque de gâcher ta soirée.
Alors, accordes-moi la permission de me retirer

Tout en me faisant le plaisir de goutter Ă  ce chocolat
Fait spécialement par moi
Juste pour toi ma chérie
Ainsi que pour le poète des mille et une nuit

Bien volontiers mon amour
C’est gentil à toi d’y avoir pensé
Mais saches aussi qu’Henry et moi, à notre tour,
Avons pour toi ramené.

Ton gâteau préféré qu’est la tarte au citron.
De chez le pâtissier de renom surnommé Papillon
Tu prendras cette nuit, uniquement cette tranche
Que j’ai moi-même commandé sous forme de branche
Sinon comme je te connais gourmand,
Tu n’hésiteras pas à manger la tarte entièrement.

Chérie, c’est vraiment gentil, je suis tellement surpris
Que je me permets de te faire une bise
En te souhaitant une longue vie
Pleine de bonheur, et de plaisirs Ă  ta guise

Elle lui fît manger elle-même la tranche de gâteau
Qu’elle avait repéré avec une fraise entourée de meringue
Et qu’elle avait bourré de poison injecté avec une seringue
Tout en mangeant avec Henry les autres morceaux

Ensuite elle l’invita à danser sous la lumière tamisée
En le caressant de bas en haut, en lui donnant quelques baisers
Tout en lui chuchotant qu’il était son unique chevalier
Et que de lui, seul la mort les séparerait.

Il a fallu de si peu
Pour que des larmes coulent de ses yeux
Tellement qu’il était heureux

Mon amour tes pleurs
Sont pour moi, un signe de bonheur
Dés demain tout changera
Un ménage radieux renaîtra

Tu n’auras plus à supporter mes caprices
Mes colères et mes supplices
Tu pourras même revivre le passé de Bébé
Je te promets de ne plus la jalouser
Plus encore, je te demande de me pardonner

Mais ma chérie je t’ai aimé et je t’aime telle que tu es
C’est à moi de te demander de me pardonner

Soit ! Pardonnant-nous avec ce baiser

De nouveau ils s’embrassèrent goulûment
Comme s’ils étaient des amants

Il ne croyait pas un mot à tout ce qu’elle disait
Il savait que c’était de la comédie et qu’elle mentait
Mais alors pourquoi cette confidence
Dans pareille circonstance

Peut-ĂŞtre a-t-elle senti sa mort prochaine
Pour vouloir devenir subitement humaine
D’ailleurs ne dit-on pas qu’avant de mourir
Des signes avant coureurs de la mort nous font prévenir
Sans qu’on sache les pressentir

Si c’est le cas pourquoi alors j’ai pleuré
Pourtant il n’y avait aucune raison majeure
D’ailleurs j’étais insensible à ses caresses et ses baisers
Dois-je comprendre que moi aussi cette nuit a sonné mon heure

Mon amour Ă  quoi penses-tu

Excuses moi chérie, je suis tellement ému.

Je te comprends, vas te reposer
Et je t’en supplie ne t’amuses pas à nous déranger
Demain tout va s’arranger

Mais tu n’as pas goutté au chocolat ?

Je te promets que quand sonnera minuit
J’en mangerais avec une grande envie

Il souhaita bonne nuit à Frédéric et regagna le balcon
Un peu déçu, parce qu’elle n’a pas mangé
Le chocolat empoisonné au moment où il le souhaitait
Enfin tant pis il était obligé d’attendre quelques instants
Il commençait à s’impatienter et pour tuer le temps