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[erwan edrad]

il y a si longtemps
j'ai été un ange
mais de ma mémoire
ces souvenirs
sont effacés
et de cette époque
je ne porte que
les marques
de pâles cicatrices

ces ailes ces plumes
si blanches
que je méritais plus
que je ne pouvais porter
et qu'un jour
de folie brûlante
je me suis
arrachées
pour les brûler
sur le bûcher
de mon âme

j'ai été un ange
un ange déchu
un ange maudit
j'ai brûlé mes ailes
j'ai brûlé mon âme
pour l'amour
pour le corps
d'une femme
et de ma mémoire
ces souvenirs
déchaînent
des torrents
d'horreur et de haine

il y a si longtemps
j'ai été un homme
mais qu'il y a t-il
encore d'humain
dans le corps
d'un ange
au noir destin

j'ai été un homme
un homme amoureux
un homme heureux
mais un ange
qui se dit homme
reste un ange
ce n'est pas homme
même pour le rêve
même pour l’amour
d'une femme

j'ai vu son corps
son cœur son âme
vieillir se flétrir
et mourir
et avec elle
mes seuls espoirs
ma vie ma raison
ma mémoire
mes sourires
et mon histoire

J'ai été un roi unique
le fléau des hommes
guerrier sanguinaire
un tyran cruel
j'ai blessé violé
et tué
j'ai répandu
la désolation et la mort
j'ai bu le sang
de mes victimes
j'ai lu la peur
dans leurs yeux

j'ai voulu
détruire l'amour
j'ai voulu
oublier l'amour
ma vie ma raison
et ma mémoire
j'ai piétiné
leurs cadavres
j'ai souillé
leurs histoires
pour oublier
ma propre histoire

j'ai été un saint
parmi les saints
immortel
parmi les mortels
j'ai répandu le bien
l'amour du prochain
pour expier
mes fautes
j'ai prêché
la bonne parole

j'ai sacrifié
mon corps
j'ai provoqué la foi
vivant parmi les morts
j'ai été un ange
je n'était pas un homme
j'ai été le fils de dieu
celui qui donne
et pardonne

j’ai été un corps sans âme
un être vide
la mort désincarnée
j'ai traîné ma haine
sur tous les chemins
j'ai traîné ma peine
le long des siècles
j'ai voulu comprendre
j'ai voulu apprendre

j'ai regardé les hommes
naître grandir
et vieillir
j'ai regardé les hommes
aimer être aimé
et mourir
j'aurais voulu
comprendre

j'ai été un autre homme
j’ai rencontré une femme
une femme au cœur blessé
elle m'a offert son âme
elle m'a offert son corps
elle ne m'a pas jugé
m'a aimé sans compter

j'aurais voulu la tuer
la tuer et pardonner
pour ne pas oublié
que j'avais déjà aimé
il y a si longtemps
une femme
au cœur de rêves
pour qui j'avais brûlé
mes ailes mon cœur
et mon âme

j’ai été cet homme là
j'ai rencontré une femme
une femme un cœur une âme
elle n'a rien demandé
rien d'autre que de m'aimer
et pour elle
j'ai cessé
de perdre ma destiné

et pour elle
j'ai osé
et de nouveau aimer
et de nouveau rêver
elle n'a rien demandé
et elle m'a tout donné
et ce jour j'ai senti
mes ailes repousser

extrait de rhumance la poésie sans mot d'elles