Il fait chaud, il fait beau, ailleurs c’est bientôt l’hiver,
Le cœur est moite, le cœur pourrait bien pleurer,
Des petites larmes rouges au goût de fer,
Des petites larmes vermillon, sa vie est fatiguée.
Elle est malade, ça fait des mois,
Des mois qu’elle fait semblant de rien,
N’effrayer personne, prendre sur soi,
Souffrir en silence et mourir loin.
Leucémie, c’est un joli mot,
Qui prend votre cœur en otage,
Noie votre sang sans pitié et sans rage,
Méthodiquement, sans repos.
Plus que quelque mois à vivre,
Hôpital, souffrance, pleurs et ceux qui restent,
Elle a choisi de ne pas essayer de survivre,
Elle s’en va sans se battre, laisser son corps lâcher du lest…
Elle ne s’est pas soignée,
Elle n’a rien dit, silencieuse agonie,
Et quand maigreur, pâleur et faiblesse l’ont trahie,
Elle est partie dans une lointaine contrée.
Le pays de son enfance,
Le pays de ses premières souffrances,
Le pays refuge de ses nombreux délires
L’accueillera, pour qu’elle puisse y mourir.
Pudeur dans sa mort,
Pudeur dans sa maladie,
Elle a déjà souffert, elle peut souffrir encore,
Pourvu que rien ne soit dit.
Elle ne veut pas de ce regard
Doux, contrit, apitoyé et tellement gêné
Dont on entoure les gens sans espoir,
Elle se drape de sa fierté.
Et puis, elle a déjà tant vécu,
Elle a déjà tant reçu, cette fois-ci elle avoue avoir perdu,
Elle veut se reposer, lassitude sereine,
Et loin de tout, loin de sa propre vie, elle s’ouvre les veines.
Et son cœur pleure au travers de ses poignets,
Lentement, sans hoquet,
Le cœur pleure, et s’écoule ce sang empoisonné,
Petites larmes rouges, large flaque foncée.
Ses forces partent en même tant que les perles sanguines,
Ses pensées s’envolent, ses yeux sont clos,
Le glas sonnera bientôt,
Et les larmes tracent des rigoles écarlates, douce ruine.
Un rouge profond a teint ses mains si blanches,
Elle est allongée, pâle et belle, elle dort,
Son souffle semble suspendu aux branches,
Son cœur s’est vidé de toutes les larmes que contenait son corps.
Elle est immobile, calme enfin,
La maladie est arrivée à ses fins,
Elle est pâle sans recours,
Une auréole carmin, couronne de son dernier jour.

leucémie
Débuté par silia, nov. 12 2007 09:40
2 réponses à ce sujet