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oh on pourra toujours me dire


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#1 GUILLAUME Alain

GUILLAUME Alain

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Posté 15 novembre 2007 - 03:21

oh on pourra toujours me dire
que repasseront les cigognes
dans l’éclatant été
qu’on jigue sur un chaudron
que des convulsions sont inévitables
qu’on les a toujours surmontées dans le passé
que quand on les croit proches de l’explosion
elles se sont déjà retirées

certes certes certes

les cigognes repassent toujours
généralement sur un champ de ruines
c’est de l’ordre de la probabilité
le champ de ruines aussi
ça rééquilibre l’enthousiasme
relativise


oh je dis pas ça par conviction
d’ailleurs
j’aimerai bien en avoir
des convictions
heureux comme un convaincu
un baptisé
un prêché
derrière sa bannière
ses banderoles et grigris
ça entrave pas la marche
mais bien par pressentiment
instinct
très animal l’instinct
au demeurant fiable
pour fleurer la traque et ses chiens
qui se rapproche
se rapproche
chasse au faciès
chasse au profil
chasse a l’accent
au surnuméraire
trop de monde sur cette terre
qui rétrécit du paradis
et chaque arrondi ventre de femme
porte un obus a retardement


paranoïaque?
autant que l’on puisse l’être
ou ne l’être pas
ça dépend des téléscripteurs
des flux
des rotatives matinales
qui crachent
les good ou les bad news from the stars
cinquante/ cinquante


mais ça fleure la traque et ses chiens
ça se rapproche
se rapproche
comme le truc insoupçonné
qu’ a sauté soudain
dans cette ville que j’ai connue
un soir d’été
en 1971

un bien beau soir d’été ma foi
par les places et rues pleines de monde
les volées de marches de l’université
les filles en courtes jupes
les terrasses de cafés bondées
un doux relâchement
d’harmonie et de liberté
qu’on se serait cru un peu
comme en italie
c’était léger
léger


et pourquoi là
là que le truc a sauté


enfin quand je dis le truc
la surprise mauvaise
la diablerie planquée
comme un fils maudit
qui soudain plaque un colt
sur la table de noce en plein air
arrête la musique


alors si ce truc-là a sauté
a Sarajevo
qu’était heureuse comme en italie
j’ai les plus grandes réserves
pour qu’il n’ait aucune raison de ne pas sauter
par des cités paisibles
qui bien souvent
n’ont pas l’air aussi heureuses
aussi insouciantes
comme une ville en italie
un soir d’été en 1971


jamais depuis plus de trente ans
et ça s’accelère la spirale
ça s’envertige
dans la plus formidable foire d’empoigne
pour le minimum vital
aux quatre coins des charcuteries a ciel ouvert
derrière les panneaux de la prospérité solaire
et du bonheur marchand
on a autant démuselé le doberman
dans le bas ventre de l’homme


Bon dieu
pouvoir s’ecrier encore
comme Kerouac en 47
l’âme enviergée
au sortir de la guerre
sur un territoire d’innocence
où coulerait un aileron de studbaker
trente litres au cent
qu’on regarderait pas a la dépense

pouvoir s’ecrier encore
par la porte ouverte
d’une boite de jazz sur la nuit
qui s’ensourit des guirlandes
du golden gate


San Francisco nights!
the end of the continent
the end of the doubt,
of all the dull doubts…


la fin du doute
de tous les sombres doutes…