(D'après « Vipère au poing »)
Sur le quai de la gare d'Angers
Je vous ai follement imaginée
Me serrant dans vos bras fermés
Votre retour pour me réconforter
Mais cette main gantée qui gifle tous mes rêves
Le goût amer du sang qui coule sur mes lèvres
J'avais beau être votre enfant
Vous ne m'aimiez pas pour autant
Vous ne m'aimiez pas pour autant…
Le ciel de la Bel Angerie
S'est dès lors brutalement assombrit
« Il faut faire des économies !
Le temps des vacances est bien fini !
Adieu café chauffage et cheveux longs
La vie ce n'est pas une récréation ! »
Je n'ai rien dit obéissant
Vous ne m'aimiez pas pour autant
Vous ne m'aimiez pas pour autant…
Les repas manquaient de copieux
Le silence nouait nos estomacs creux
Mon père faisant de son mieux
Contait ses travaux sur la mouche bleue
Dans votre regard il comprenait très vite
Son courage avait atteint ses limites
Je suis resté indifférent
Vous ne m'aimiez pas pour autant
Vous ne m'aimiez pas pour autant…
Un abbé sorti de l'enfer
Avait en charge de me rendre moins fier
À toute heure corvée de prière
Il n'aimait que la vie pénitentiaire
Plus je grandissais auprès de sa haine
Plus je m'habituais à la trouver belle
Et peu à peu vous ressemblant
Vous ne m'aimiez pas pour autant
Vous ne m'aimiez pas pour autant…
Un soir pour ne pas me soumettre
Sur chaque arbre j'ai gravé ces deux lettres
« VF » ne quittaient plus ma tête
Vengeance à Folcoche et peut-être
La maladie l'emporterai enfin
Un accident changerai son destin
J'voulais y croire en attendant
Vous ne m'aimiez pas pour autant
Vous ne m'aimiez pas pour autant…
Depuis les années ont passé
Loin d'Angers loin de votre moralité
Et je ne saurais m'expliquer
Pourquoi j'ai cette envie de regretter
Mais cette main gantée qui gifle tous mes rêves
Le goût amer du sang qui coule sur mes lèvres
J'ai beau être un de vos enfants
Je ne vous hais pas pour autant
Je ne vous hais pas pour autant…