Par delà l’Amor
Dans la vallée de l’ombre, seuil de l’humanité
J’ai entendu la clameur des forêts profondes,
Ma mémoire vers elle et sa douceur trépassée
Me disaient la beauté de sa voix et de ses ondes.
Je ne suis qu’illusion devant le grand rocher,
Humus immémorial où plus rien ne demeure.
Ce passage vers autre, qui pourrait le chercher ?
Au ciel que j’imagine, il n’est plus rien qui meure.
L’Homme n’est devant Dieu qu’un amas de décombres :
L’orgueil des plus grands rois n’est que cendres et que verre.
L’Archange à l’épée d’or l’a poursuivi dans l’ombre,
Il n’a eu que d’autre exil que le sein de la Terre.
J’ai patienté, j’ai espéré, j’ai supplié,
J’ai médité ma foi à l’ombre des vieux chênes
Dans la nuit des tempêtes, j’ai trop longtemps erré
J’ai refusé ce monde de tant de peines.
Mais je dois rester là si toute vie s’arrête,
Je veux encore ce que je ne veux plus,
Hurler son nom alors que ma gorge est muette
Revoir la vision d’une terre d’amour que je n’ai plus vu.
Quand m’aideras-tu, père de tout enfant,
Par delà les nuées au long du crépuscule,
Quand l’aurore viendra-t-elle m’effleurer tendrement
Moi, pauvre oiseau blessé aux gestes ridicules ?