(Poème écrit avec un ami d'origine africaine (que je salue au passage). En fait, c'est lui qui a eu l'essentiel des idées, mon apport se bornant à essayer de les traduire en vers. Les règles classiques ne sont volontairement qu'approximativement respectées. En particulier, dans le vers marqué d'un « * », le « e » de «Homme» ne doit pas être prononcé.)
Je viens du pays du Soleil,
Couleur de feu et de la guerre,
Je viens d'un pays qui s'éveille,
Chaque matin dans la misère.
J'ai tout plaqué pour un vieux rêve :
Famille, amour, travail, patrie,
Pour un instant, rien qu'une trêve
Entre les pleurs d'aube flétrie.
J'ai traversé les eaux sévères,
Le cœur empli de l’espérance
Qu'enfin cesseront mes galères....
Mais j'ignorais l’indifférence,
Ce mur de honte et de rejet,
Écran de haine à fleur de peau,
Quand tous me voient comme un objet...
«Les droits de l'Homme» c'est du pipeau ! *
Tous ces gens bien «civilisés»,
Ceux d'Amérique ou de l'Europe,
La langue au racisme attisé,
Se targuant d'être philanthropes,
Ils veulent qu'on reste dociles,
Sans déranger, crever sur place
Car l'indigence est plus facile
À ignorer qu'à voir en face.
Toi qui me nomme «l'étranger»,
Qui me dit «Passe ton chemin»,
Dis-moi, n'as-tu jamais songé
Que moi aussi je suis humain ?
Oui, comme toi j'aime la vie,
L'amour et la fraternité,
Tout comme toi je fond d'envie,
De bonheur et d'éternité.
Mais si ma peau est un critère
Pour me laisser sur le carreau,
Pour me traîner plus bas que terre,
Si ton regard est mon bourreau,
Alors, oui, je repartirai
Avec des larmes pleins les yeux ;
Le cœur pesant, je m'en irai
Trouver l'espoir sous d'autres cieux.