LES BRUITS
J'aimais le son du cor, le soir au fond des bois,
Quand il chantait les pleurs de la biche aux abois.
Mais la culture aidant, le bruit nous fait violence,
Quand pourra-t-on enfin obtenir le silence ?
Nos édiles nous font des promesses contrites,
Il est des lieux sacrés refusés à l'ermite :
Le spectacle est premier, il est priorité,
Qu'importent donc les bruits, foin de sérénité !
J'abhorre les boum-boum le soir à Toata
Qui crèvent les tympans en dépit de la loi,
Et quand les chiens surtout redoublent d'aboiements,
Affolés par ce bruit aussi tonitruant.
C'est vrai qu'entre deux maux on peut choisir le moindre
Mais entre ces deux-là duquel le plus se plaindre,
Puisque l'on sait déjà qu'en souffrir il faudra
Chacun à tour de rôle ou les deux à la fois ?
Le coq tout endormi se réveille soudain
Mais réserve, jaloux, son cri au bon matin ;
Les merles effarés vont vite se cacher
Suspendant sifflements comme tout étonnés.
Parlerais-je quand même des vrombissements
Des gros engins du port obstinés, lancinants,
Des jappements des chiens partout dans le quartier
Et de mon cher voisin, bricoleur de métier ?
………………
Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille,
Tu pensais que la nuit t'apporterait le calme,
Voici que tous les bruits parviennent de la ville.
Auquel penserais-tu attribuer la palme ?
Le 17/03/07 Alain LE GRATIET