LE SILENCE
Mais qui connaît encor la vertu du silence
Lui qui nous fait entrer au cœur de nos secrets,
Silence du refuge et de la résilience
Silence de l'espoir, de prière et de paix ?
Il ne tient trop souvent qu'Ã un mince filet
On ne sait pas assez comment le protéger
La moindre vibration en un instant le rompt
Et avec lui le temps de saine rémission.
Partout il faut du bruit, infâme compagnon,
On ne s'en passe plus, il est le parangon
Auquel on sacrifie tous nos comportements
Et pour donner du corps à ce qu'on entreprend.
On "ouvre" la radio, qu'on n'écoutera pas
Par contre le voisin, lui, c'est sûr l'entendra ;
On croit tuer l'ennui en faisant bien du bruit
Mais de plus en plus fort car l'ennui s'épaissit.
Le bruit est devenu la drogue par défaut
De celui qui ne sait se retourner en lui
Et l'on s'en va beugler avec tout le troupeau
Haro sur le silence ! Et dans le bruit on fuit.
On n'existe donc plus qu'en générant du bruit
Par ce que le précepte est "je nuis donc je suis"
Et que notre silence nous fait vraiment peur
A nous laisser seuls dans notre faible intérieur.
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Nos maîtres enseignaient autrefois à l'école
Ce moment de la pause avant la réflexion
Et le doigt sur la bouche on apprenait l'obole
Qu'aux vertus du travail ainsi nous offrions.