SALON DE L'AGRICULTURE
Ils y sont tous passés, au salon agricole
A faire la bise aux vaches et aux brebis ;
On imaginerait qu'ils en oublient l'école
Mais pour se faire voir il faut mettre le prix.
Les cochons ont souvent une priorité
Et pour cause, ils sont là pour bien leur rappeler
Qu'au-delà de la grogne ils ont avec l'humain
Un lien biologique accortement cousin.
On les voit se goinfrer de vin rouge et de lait,
De viande et de pâtés : c'est bon pour la santé,
Surtout lorsqu'il s'agit du petit déjeuner…
Campagne se fera contre l'obésité.
Ne parlons pas des oies, de celles que l'on gave,
Moi, j'en connais bien une qui, naviguant "grave",
En se dodelinant passera son chemin,
La gauche ayant toujours son gros poil dans la main.
On va serrer des mains, parfois d'un air inquiet
Si celle qui se tend a quelque odeur de bouse.
Alors pour préserver le parfum de Cartier
On enfilera gants, bottes et une blouse.
On entend, vite fait, quelques propos amènes
- Surtout ne pas prêter l'oreille à ceux de haine -
Des mots de réconfort sont lâchés avec force
A ceux qui des marchés dénoncent les entorses.
Mais où sont donc passées et la gauche et la droite
Qu'un troisième larron se plaît à mettre en boîte ?
Il me souvient pourtant que dans nos Maternelles
La latéralité se veut sacramentelle.
L'enfant est appelé à bien s'identifier
Dans l'espace occupé de par ces deux repères,
Ce que ne savent pas nombre de nos compères
Roulant sur la voie gauche de toutes chaussées.
Pourtant, dans le miroir, ce que l'on voit de soi
Trouble cette conquête en juste symétrie
Car l'image de soi inverse les acquis :
La droite en est la gauche et bien vice versa.
……………………..
Mais revenons quand même à nos braves moutons :
Ne méritent-ils pas un air d'accordéon,
Eux qui ont l'air si doux, bêlant et suppliant,
Comme nos candidats en mal de partisans ?
