Ce qu'il y a de pire pour les pêcheurs qui, comme nous, ne bougent pas de leur lieu de pêche, c'est bien le calme, si soudain, après la tempête. Le mauvais temps à le mérite de rendre la pêche bonne, et les filets se remplissent pendant les tourmentes, alors que nos yeux rougissent de sommeil, grignoté par nos poings serrés sur les cordes.
Mais lorsque le ciel est sans nuages durant trois semaines, de jour la dure présence du soleil s'impose comme une plaie. Et de nuit, pour le matelot qui ne dort pas encore et qui révâsse à l'argent qu'il raménera une fois les pieds sur terre, les étoiles sont de peu de réconfort, surtout après une semaine de début de pêche si abondante, si pleine de promesses.
Hé ! On ne se force pas à l’exil sans en rien attendre…
Le poisson, lui, à beau faire de tels exigences. Il ignore qu'au dessus de sa tête, sur notre radeau, nous attendons, les bras impuissants et le coeur plein de désir.
Il ne nous reste qu'attendre d'ennui, au milieu d'une mer si plate que l'on pourrait marcher dessus et dans un décor que l'on voudrait bien monnayer par un plaisir (heureusement nous avons encore du tabac).
Malgré qu'il en -soit- ainsi nous sommes résolus au gain, qu'un des marins dit certain.
Nous n'appelerons donc pas, par la radio, la remorque.

À bord.
Débuté par Abbé Faria, déc. 09 2007 05:00
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