3 réponses à ce sujet

[Lucretius]

On pose son pied dessus mais on n'écoute pas
Le vieux parquet qui grince entre vie et trépas
Qui par delà les meubles alourdis par les ans
Nous raconte à voix basse ce qu'ont vécu les gens.

Sentinelle immobile de tant d'années passées
Témoin négligé des époques révolues
Donnez lui d'exprimer ce qu'il a ressassé
Bien avant que ses lames ne soient bois vermoulu.

Je suis d'essence noble cela reste entre nous
Car devant moi les cires se mettent à genoux
A force de me frotter l'âme à l'encaustique
Je n'ai compassion que pour les domestiques.

Que je regrette le temps où je fus chêne vert
Alors que soleil et vent berçaient ma ramure
Que les jours filaient ma vue sur le Calvaire
Et étiraient mon ombre largement sur les murs.

Il a fallu accueillir des enfants le berceau
Puis accepter sur moi les orbes du cerceau
Et le feulement du chat qui finit en griffures
La mémoire pour moi a pour nom éraflures.

Voilà qu'ils m'ont cloué comme le Christ en croix
Me refusant toujours la gloire de l'auréole
La moindre tâche de vin je n'y ai pas droit
Et même le rhum qui coule dans une maison créole

Oserais-je encore vous parler de mes plinthes
Faire ainsi monter doléances et plaintes
Elles qui doivent supporter la promiscuité
D'un papier peint qui mime les arômes fruités.

Je suis dans l'attente de celui qui écoute
Guettant les moindres bruits d'une vieille baraque
Je porte mon amour jusque sous la voûte
Car pour lui seulement toutes mes fibres craquent.

[lacape]

super ton texte, je vais regarder mon parquet differemment.

[Lucretius]

C'est ce que l'on appelle de la poésie terre à terre.