
L'entente (et le secret)
#1
Posté 17 décembre 2007 - 10:55
/.../
Je reste hébété de cette scène d'été en décembre. Le temps clément, le vent léger, les herbes restées vertes même en ce décembre de gel ! Le vent descend lentement vers le verger, les herbes en tremblent. Le désert est près.
/.../
Les gens se fédérent, élèvent des temples, rendent des sentences fermes. Les prêtres se lèvent, prêtent serment en ces temples de terre et les gens fêtent cette ère de redressement. Les verres se déversent prestement entre les lèvres des gens prêtres, même des serfs !
/.../
Elle est née de ce segment de terre. Elle s'est levée, elle est le temps.
/.../
Vers décembre, l'enfer se venge. Les têtes de serpent de ses flèches me percent les membres. Je me répète ses secrets, je tremble de l'ensemble de mes nerfs, je me dévêts.
/.../
L'éternel et le céleste éventrés, tel est le rêve de ce pretre dément. Les membres tremblent, le verbe semble enfler, enfler... le prêtre se défenestre.
/.../
Les gens enterrent le prêtre décédé et rentrent dès les vêpres.
/.../
Ses membres rentrés (même les décédés), le temple se referme. Les gens se répètent les événements de cette vesprée et les scènes précédentes : cette fête, le prêtre défenestré, L'enterrement... Les serfs les entendent et se sentent vengés : ces êtres détestent les prêtres. Les prêtres les régentent, les blessent, les démembrent !
/.../
C'est le temps ! Les serfs pendent les prêtres et pénètrent les évéchés. Ces gens semblent déments et dépècent prêtres, femmes et même bébés !
/.../
Le vent presse les fenêtres fermées. Le gel s'étend. Je sens ce temps se refermer. Les fenêtres tremblent, le pré se dévêt de ses herbes. Je me penche. Je prends des germes et je les jette, le vent les prend. Je répète ce geste lentement.
/.../
Rechercher l'essence de cet exercement est dément. Serment de flèches jetées en terre, ce texte rend le sens des secrets restés près : ces secrets le précèdent. Le verbe présent les reflête et en reflête les pertes.
/.../
Elle me hèle, je l'entends, je me lève. Je rêve de rester près d'elle. Cette femme m'est chère. C'est elle ! l'être de mes rêves. Elle reste près.
/.../
Blessé, je prends mes clefs et je reste près de l'entrée. Le vent cesse. Près des mélèzes, les merles s'élèvent en cercle.
/.../
Le ventre de ce temps exerce les êtres de l'ensemble terrestre. Le terme réel de cet enfer éthéré, c'est le vent.
Le vent, léger et clément. Le vent né en des steppes désertes.
/../
L'enfer, ses cercles de terre sèche et terne, mêlée de cendres. Ses êtres dépecés, décérébrés, restes de gens blessés et hébétés. Des serpents les cernent, les enserrent. Le vent les lèche ; des rêves les prennent.
/.../
Revenez, revenez.
Tentez de relever cette tête blessée.. Prenez le temps !
Retenez le vent ! Tentez de le reprendre (même lentement).
Cherchez le sens des termes de ce réel segmenté !
/.../
Cette venelle est fermée. L'entrée est cernée de chèvres : les chèvres de l'enfer. Défense d'entrer.
/.../
Les merles rêvent de sphères célestes , les chèvres de steppes désertes.
#2
Posté 17 décembre 2007 - 11:30
Rechercher l'essence de cet exercement est dément.
Mais c'est déjà trop tard.
C'est un exercice prodigieux sur le langage, l'utilisation du mot comme un signe, presque,
la construction d'un sens malgré tout,
d'une atmosphère gris-bleu autour de l'omniprésence du e.
Plus qu'un exercice à la Perec, je dirais une sorte d'architecture avec un néo-matériau,
le mot-lettre, et le bâti se tient, jusqu'à une certaine dilution que je regrettais à ma première lecture,
des phrases qui ne me semblaient pas s'imposer,
mais qu'aux passages successifs, j'en arrivais à identifier à des sortes d'espaces, de vides
donnant à la construction finie une géométrie régulière.
C'est fou.
et Réussi
#3
Posté 18 décembre 2007 - 01:10
Tu dis, quelque part vers le milieu
Rechercher l'essence de cet exercement est dément.
Mais c'est déjà trop tard.
C'est un exercice prodigieux sur le langage, l'utilisation du mot comme un signe, presque,
la construction d'un sens malgré tout,
d'une atmosphère gris-bleu autour de l'omniprésence du e.
Plus qu'un exercice à la Perec, je dirais une sorte d'architecture avec un néo-matériau,
le mot-lettre, et le bâti se tient, jusqu'à une certaine dilution que je regrettais à ma première lecture,
des phrases qui ne me semblaient pas s'imposer,
mais qu'aux passages successifs, j'en arrivais à identifier à des sortes d'espaces, de vides
donnant à la construction finie une géométrie régulière.
C'est fou.
et Réussi
Tu oublies tous les "r" de ce texte Ariel ! (sans compter le son "en" qui revient si souvent).
Au fur et à mesure de la lecture... j'avais envie de plus en plus envie de le dire , comme s'il fallait mettre le son. et aussi comme s'il fallait que j'extrais ces phrases qui devenaient de plus en plus râpeuses. Une sensation d'encombrement dans la gorge.
Plus que de construction géométrique dont parle Ariel, je parlerais de rythme segmenté.
Impressionnant en effet . Ce texte, pour moi est un écrit d'abord sonore . Une belle étude sérielle que voilà ! Chapeau serioscal.