L'eau du sentier
I
Me voilà de retour à la case du fard,
Seul au ciel épinglé de l'amour,
Mon cœur tourne la page bleue du soir,
C'est sans rancœur que je parle de nous,
Tu me regardes, moi, le moulin sans tête,
Une murène gigote dans les vases du cou,
Je souris quand tu répètes « notre vie »
Sur une feuille triste et sans rythme
La musique de l'échec impeccable
M'obsède comme du sang sur les fleurs.
II
La profondeur d'un puits demeure un mystère
A moins que l'on y jette une pierre.
Il en va de même pour l'âme qui reflète
Un croissant de Lune à pourfendre le fiel.
Ton absence a brisé le devant de la scène,
L'histoire se répète dans l'enfer des choses,
Je retombe dans l'état où tu m'avais trouvé,
Seul, l'orgueil à nu, châtré comme l'air du temps.