DÉNIS
Moi qui croyais avoir trouvé un coin tranquille
Loin de mon bricoleur, loin des bruits de la ville
Et des chiens aboyeurs, des ronflements du port,
Faut-il qu'on m'ait jeté, maudit, un mauvais sort ?
Cette maison louée au flanc de la montagne
Serait-elle enfin pour moi et pour ma compagne
Le havre de paix depuis si longtemps cherché ?
… C'était sans compter sur ce qu'on m'avait caché.
Pas plus tôt arrivés, voilà qu'un bulldozer
Vient creuser de ses dents en cisaille de fer,
Excavant par-devant le gouffre de l'enfer,
Déterrant, empierrant, fouaillant dans sa chair.
Les cartons non défaits, on songe à repartir
Les nuisances, merci ! J'en ai fait tous les frais !
Mais quel endroit trouver qui ne soit encor pire
Chacun ayant son chien en bon gardien de paix ?
Surgiront après coup(s) de tous ces grands travaux
Nouvelles constructions générant très bientôt
Nuisances domestiques non domestiquées,
Manège relancé sur son grand tourniquet.
Les chiens feront chorus à celui du voisin
Aussi gros que lui-même et qui aboie pour rien…
… La période est propice en ce temps de nos fêtes
A faire un beau concert sitôt qu'un pétard pète.
Faut-il encore fuir ? Mais où se réfugier ?
Pour ma tranquillité à quel saint me vouer ?
Que sert dans le "Débat" * tout vrai cri horrifié ?
Jusqu'où faut-il subir et ne rien sanctionner ?
Et que font nos mairies, arrêtés pourtant pris
Mais restant lettre morte en pertes et profits ?
Faut-il que le pays aille de mal en pis
Puisque l'ordre et la loi sont l'objet de dénis ?
* rubrique consacrée aux opinions des lecteurs d'un quotidien de Papeete