Le maréchal-ferrant
C’est le matin, le soleil à peine levé
Dissipe les odeurs humides de la terre.
Les chevaux attendent, le licol attaché
Aux anneaux arrimés dans le mur de pierres.
Ils ne semblent pas inquiets, ni même impatients.
C’est à peine s’ils secouent leur longue crinière
Où s’ils balancent d’un mouvement nonchalant
Leur épaisse queue au-dessus de la croupière.
Les charretiers, près de la forge sont groupés.
Bourgeron ouvert sur ceinture de flanelle,
Ils commentent en riant les dernières nouvelles.
Ils tendent la paume des mains pour se chauffer
Contre le feu où la flamme bleue, attisée,
Rougit le fer qui attend l’heure d’épouser
Le large pied d’un imposant cheval de trait
Et ainsi concourir à la belle attelée.
Le maréchal au tablier de cuir épais,
S’approche et caresse calmement l’encolure
Puis la jambe du cheval pour le rassurer.
Spectacle inouï que cette énorme monture
Qui offre son sabot aux mains de l’artisan.
Aucune résistance il n’aura opposée.
L’homme peut commencer sa besogne à présent,
La jambe de la bête sur sa cuisse posée.
Il lui faut maintenant retailler, couper, limer,
Poser sur la sole la ferrure brûlante
Dans un épais nuage de fumée puante,
Puis dans l’eau la tremper avant de la fixer.
Sous le fin marteau les pointes acérées se plantent,
Spectacle particulièrement singulier
Que ces clous pénétrant sans douleur dans le pied
De la bête de somme bien indifférente.
Le travail du maréchal-ferrant terminé,
Il ne reste plus qu’à examiner la marche.
Tel un mannequin le cheval va défiler.
L’œil expert des charretiers vise la démarche.
Dans l’allure chaloupée, nul vice apparent,
Les rudes paysans par des signes de tête
Saluent le bien bel ouvrage de l’artisan
Dont la moue trahit une fierté discrète.
Si vous trouvez un fer, sachez cher promeneur
Qu’il recèle en lui de l’animal la puissance,
Du sérieux maréchal l’art et la compétence.
Faites-en pour toujours votre porte-bonheur.
J-P M