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(anthologie permanente) Mary-Laure Zoss, "aux vieux enfants, tricots d’os dans la remorque"


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Posté 21 décembre 2016 - 10:45

 

Mary-Laure Zoss publie ceux-là quâon maudit, avec des encres de jean-gilles badaire, aux éditions Fario.


Et du temps jusquâaux épaules

aux vieux enfants, tricots dâos dans la remorque, pêle-mêle ciseaux, boules de bois, leurs outils ; dans peu crânes contre crânes à pelleter ; à ceux qui sâégarent au pied des grilles, ou de lâépaule sâassurent aux racines â si pour maintenant, demain ou quand ne savent, et vont en biais sous les troncs de haut fût comptant leur pas ;
nous précèdent et tiennent bon, aux basques dâhumides forêts pendus, épluchant la pénombre ; demain ou quand débusqueront de sous les fougères gueules, boutoirs, nâen savent rien, nâont dâautre parti quâen frémir, le temps est proche ;
à ceux sur la route, ceux rabougris quâon achemine et trimballe quand ils ont cessé par eux-mêmes ; sous le convoi sismographique des sapins â centenaires quenouilles dâencre,â ils y vont ; par la course des ronces, des catadioptres en bordure, la nuit ne sâarrête pas, hérisse le ciel, à coup sûr ils y vont â tandis quâen nous les germe dâun pareil décroît rebutent ; à perdre lâéquilibre sây pencher ?

/

un mot sur treize boulonné juste, ils sâefforcent ; bégaient, ça part en dessous, voyez-vous ; pris en défaut, ne trouvent quelle trappe, quel gluau pour lâécrouer celui-là qui sâesbigne dans un culbutis de consonnes, par les galeries, rien nây fait, de la mémoire ; cagneuses lettres entre les dents murmurées, redressées peu ou prou â les épeler dans quel ordre déjà ? à claudiquer parmi les initiales ils sâaffairent, comme un qui ne sait plus où la machine, attends ça va revenir, dans une peau de chamois ensaquée la meule dâaffûtage ; ou des montagnes en face, lequel de nom, là au-dessus des bruyères, des feuilles rouges, il a neigé on dirait ; tout comme jadis ils sont cueillis sur le fait chaque fois que ; leurs errements à lâégal de qui dans le noir sâessaie et se fourvoie ; quoi quâil arrive, ils sây réattellent tout autant mortifiés, à plusieurs reprises jusquâà ; eux sans nul doute à la hauteur de ce qui leur advient, en tous points dignes quâon les considère

/

enfants vieux, et boursouflure en leur bois ; ainsi bâtis que sur lâépaule gauche le corps à remettre, puis la droite â pas mieux ; tordu le tronc, et ne le déclarent pas, ce bras de laine plaqué mort au flanc, ni le verbe qui coince ; comme si de rien nâétait ; lâavarié de soi quâils recouvrent, à cÅur ils ont de nâincommoder quiconque, à eux-mêmes gardent pareillement déguisé le pire ; de tout temps réprouvés, allèguent-ils, et de broutilles se souviennent, de ces peaux de raisin sans quâon les voie crachées au caniveau, de leurs hontes acides mâchouillées ;
ainsi ce qui du monde reste en travers, à enfouir au besoin, escamoter, comme ce jamais rien dâassorti dans leur mise ou leurs phrases ; et de leur peur la figure hébétée, quâà toute vue elle soit soustraite ; et quâils se lèvent du sommier avachi vers le soleil â sa boule froide dans les mélèzes, ça fait des peaux entre, blêmes effilochures qui font cligner ;
et nous, dâores et déjà tenus à merci de ce quâon griffonne à traits saillants ; à bride abattue engouffrés dans la perte, sans plus rien voir ; nâempêche quâon est là, non ?

Mary-Laure Zoss, ceux-là quâon maudit, encres de Jean-Gilles Badaire, éditions Fario, 2016, pp. 31 à 33.

Mary-Laure Zoss dans Poezibao :
biobibliographie, extrait 1, entre chien et loup jetés (par A. Emaz), extrait 2, Le Noir du ciel (par F. Swiatly), extrait 3, extrait 4, Où va se terrer la lumière (par A. Emaz), ext. 5, "Une syllabe, battant de bois" par Antoine Emaz, ext. 6

 

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