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Archimède - par Domenico Fetti - 1620
Ne pense qu'à ses travaux, qu'à la Géométrie.
Par terre il a tracé des figures barbares,
Triangles et cercles posés en symétrie.
Son esprit absorbé, il ignore la bataille
Et toute la furie d'un combat trop sanglant.
Car au-delà des murs se construit la pagaille
D'une armée romaine aux traits étincelants.
Syracuse est tombée, Marcellus a gagné.
A Rome les trésors, aux militaires la gloire,
L'heure est au pillage ou encore au charnier.
Qu'importe au vieil homme, si ce n'est l'écritoire
Qui l'accapare au sol et porte ses pensées.
Douce Géométrie, somptueux théorèmes,
Les principes sont beaux, prêts à récompenser
Celui qui devine et perce leurs extrêmes.
Mais cet art ne sied pas à un soldat romain
Qui foule impunément les dessins épurés.
Cette seule chose détourne le chemin
Du rêveur éveillé à présent capturé.
« Touche pas mes cercles » s'écrit le Géomètre,
Sans même réaliser qu'il n'est même plus libre
De vivre et de penser sans jamais rien permettre,
Comme il l'a toujours fait, de troubler l'équilibre
D'une vie consacrée à ses arts et sciences.
L'épée du soldat luit, arrachée au fourreau.
Or il est né soldat et brûle d'impatience
D'en informer l'aïeul et d'être son bourreau.
Là , le coup est porté, c'en est fini de tout,
Des figures au sol, des joyeux théorèmes,
De la Géométrie, et puis par dessus tout
De ce Grec insolent qui mérite anathème.
Perdu dans mes idées et mes contemplations
Je ne sais que penser des gâchis du passé,
De tous ces obstacles à de chères passions.
Qu'il est doux le calme que rien ne peut casser.
J'ai envie de dire : « Touchez pas mes cercles »
Ou une autre expression qui reste à inventer.
Aux tristes importuns, Ã tous ceux qui m'encerclent
Et troublent mes pensées ou mes rêves éventés,
Je cherche les mot crus, de ces mots bien lancés.
Je veux bien l'avouer, je vous cherche un remède,
Vous tous les empêcheurs de la libre pensée.
Et je vous dis : « Mède, Mède et Archimède ! »