Que mes songes sont rongés,
Que mes rêves sont anéantis ?
J’ai connu la contrée des damnés.
Vois-tu, la vie y est terriblement cruelle,
N’épargnant ni femme, ni enfant,
Elle déverse sans pitié son fiel,
Et elle sourit, ravie, en contemplant
Son œuvre odieuse aux relents de sang.
La vie est continuel et implacable glas,
Elle martèle de toute la force de son bras
Le tempo funeste d’un cœur s’emballant.
La vie y est trépidante et infiniment bigarrée,
Transformant le poids de son omniprésente rivale
En sève miraculeuse transcendant le létal,
En essence vive et fraiche comme une fée.
Et les gens chantent, et les gens dansent.
Ils rient de leur misère, se parant de mille couleurs.
Ils sont légers comme dans une joyeuse transe,
Magiciens heureux, oubliant le boulet de leurs douleurs.
Sais-tu cher et tendre ami,
Que mes pensées sont frivoles,
Que mon âme est gaie et folle ?
J’ai connu l’antre des maudits.
Et la duplicité de mon esprit
S’explique par le pays où j’ai grandi.