Aller au contenu

Photo

(Note de lecture), Jean-Michel Maulpoix, "L’Hirondelle rouge", par Chantal Colomb


  • Veuillez vous connecter pour répondre
Aucune réponse à ce sujet

#1 tim

tim

    Administrateur

  • Administrateur principal
  • PipPipPipPip
  • 5 689 messages

Posté 03 juillet 2017 - 09:15

<p> </p>
<p class="blockquote MsoNormal" style="text-align: justify; line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif'; letter-spacing: 1pt;"> <a class="asset-img-link" href="http://poezibao.type...b7082970d-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Maulpoix hirondelle" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e201bb09ab7082970d img-responsive" src="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e201bb09ab7082970d-50wi" style="width: 50px; margin: 3px 15px 5px 0px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Maulpoix hirondelle" /></a>Le dernier recueil de poèmes en prose de Jean-Michel Maulpoix repose sur un paradoxe : il développe la thématique du deuil sur une <em>Stimmung</em> mélancolique tout en sâappuyant sur le chiffre neuf, car composé de neuf sections de neufs poèmes, chiffre qui symbolise la plénitude. Comment expliquer ce paradoxe ? Livre de deuil, le recueil sâouvre sur la mort du père de lâauteur, une mort qui anéantit son lyrisme et provoque une identification douloureuse au père. On a du mal à faire coïncider le chantre du lyrisme critique avec celui qui ici écrit : « À jamais ridicule, cette fable antique du poète descendu chez les morts pour y chercher une ombre aimée. Il nâest pas de chant qui sauve, juste des paroles pour notre ici-bas ». Le lyrisme ne console pas. Le poète ne franchit pas le miroir qui, comme chez Cocteau, mènerait au royaume de la mort. Non, il voit son père dans ce miroir au lieu de sa propre image et sâécrie : « je ne suis plus de ce monde-ci ». Sâidentifiant à son propre père, il sent quâil est celui qui va mourir aussi et se transporte dans lâunivers paternel. <br /> <br /> Celui-ci aimait peindre et câest ainsi que sâintroduit « lâhirondelle rouge » qui donne son titre au recueil : « De là me vient le goût du chevalet. Un désir dâhirondelles rouges, dâespace et de toile blanche ». La référence à « Hirondelle amour » de Miró est là implicite mais sera révélée dans la septième section du recueil : « Rouge sur fond de ciel excessivement bleu, câest ainsi que Joan Miró a peint <em>Hirondelle amour</em> que lâon peut voir à Barcelone ». Lâauteur dâ<em>Histoire de bleu </em>ressurgit dès la sixième section du recueil qui laisse percevoir clairement la structure du livre composé comme un diptyque articulé autour dâune charnière, la cinquième section. Lâhirondelle noire constitue le premier volet du diptyque et lâhirondelle rouge celui qui se replie sur elle. Lâhirondelle noire est celle de la mort du père et de la mère, celle qui ne peut pas combler le « gouffre soudain qui sâouvre dans la pensée, sous le corps et sous le pas ». Au centre du recueil « CÅur noir » avec une citation de Rilke, est un temps de méditation sur la mort, le retour au lyrisme, à la « poésie malgré tout ». « La poésie prospère sur fond de désolation : mer qui se retire par temps gris, ou ciel bleu sans prière, envol brisé vers lâidéal, connaissance précise de la finitude, flamme hésitante dâun feu où brûlent les paquets de feuilles et le petit bois de nos jours, mauvais sommeil, insomnie qui ronge, chambre à part et repas dâhomme seul, beauté rêvée entre les pages de magazines et dont la perception peut être si vive quâelle rend le regard douloureux, désir, désir encore, murmuré par ce qui nous reste de lèvres⦠» Lâélan lyrique de Jean-Michel Maulpoix a toujours été un élan brisé, désenchanté. Il le définit lui-même lorsquâil aspire à « un cÅur dâhirondelle et de longues ailes coupantes pour cisailler le bleu. Un chant capable de tirer le jour de la nuit et de réveiller la terre sombre, engourdie dans lâhiver ». Le second diptyque sera lyrique, écrit de « ce poison noir dâoù parfois sâécoule une encre transparente ». Car à lâhirondelle du deuil correspond une hirondelle de désir tout comme à la pulsion de mort survit la pulsion érotique.<br /> <br /> Le paradoxe se résout dans le « chant ivre de dryade » de lâhirondelle : « Elle porte sur les ailes la vertu dâespérance ». Le chiffre neuf, symbole de plénitude, traduit cette espérance qui surgit de lâexpérience du deuil, le plus douloureux soit-il. Finalement <em>LâHirondelle rouge</em> « ne sera pas un livre de mélancolie mais de choses vues et de tristesse pensive. Un livre à tire-dâaile. Échappé du fond du puits ». Le poète sâest résigné à écrire dans le premier diptyque pour « Offrir à lâabsence un bouquet de fleurs dâencre ». Mallarmé et Baudelaire sont là avec « lâabsente de tous bouquets » et ces « fleurs » quâil faut aller puiser dans ce quâil y a de plus sombre. Baudelaire et Musset sont encore là lorsque lâhirondelle « vient faire oublier lâalbatros, le cygne, le pélican et tous les autres oiseaux mélancoliques ». Les échos aux poètes du XIXème siècle sont nombreux mais cette hirondelle qui conduit le poète vers son désir délaisse lâAzur de Mallarmé pour se contenter de ce que la vie peut encore offrir au poète. Désir et pensée vont de pair et leur association explique cette plénitude que symbolise la référence constante au chiffre neuf. « Pareils à ces pas dâhirondelles, lâamour et la pensée ne laissent pas de trace, et pourtant ils vont selon la chair leur chemin, cherchant ce qui peut être sauvé⦠» Que lâon écoute les sonorités de cette ultime phrase du recueil et lâon entendra le chant de lâhirondelle. <br /> <br /> <strong>Chantal Colomb<br /> </strong><br /> Jean-Michel Maulpoix, <em>LâHirondelle rouge</em>, Mercure de France, 119 pages, 12 â¬. </span></p>
<p class="blockquote MsoNormal" style="text-align: justify; line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px;"> </p>
<p class="blockquote MsoNormal" style="text-align: justify; line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px;"> </p><img src="http://feeds.feedbur.../~4/ZYF-XOouyoQ" height="1" width="1" alt=""/>

Voir l'article complet